Fiona: pourquoi retrouver son corps est si important pour l'enquête

Seul le corps de la petite Fiona permettrait d'établir clairement les responsabilités de chacun dans sa mort. - -
Dans l'enquête sur la mort de Fiona, c'est désormais parole contre parole. Depuis qu'elle a avoué la mort de sa fille fin septembre, Cécile Bourgeon accuse Berkane Maklouf, son compagnon, d'avoir infligé des coups à la petite Fiona au cours d'une soirée arrosée. Lui, qui évoquait vaguement "un incident domestique", est revenu vendredi sur ses déclarations - et reproche désormais à la mère de Fiona d'avoir frappé la fillette. Plus que jamais, la découverte du corps devient primordiale pour tenter de démêler la vérité du mensonge.
> Déterminer les circonstances de la mort
Seule l'autopsie du corps de Fiona est en effet à même de déterminer les circonstances de sa mort. Berkane Maklouf le sait: fin septembre, il s'était aussitôt dit "prêt à collaborer" pour retrouver le corps de la fillette afin de se disculper du "coup important" porté à la tête de Fiona - un coup mortel - dont l'accablait Cécile Bourgeon. Les analyses médico-légales, dans le cas où le corps n'est pas trop endommagé, permettraient de retrouver trace d'un hématome au cerveau, potentiellement fatal. Ou d'infirmer cette hypothèse.
En outre, depuis vendredi, Berkane Maklouf accuse de son côté la mère de Fiona d'avoir donné plusieurs "coups de pieds" à sa petite fille, "y compris au niveau de la tête", la veille de sa mort. Des coups qui, selon lui, n'auraient néanmoins pas "causé le décès", a précisé son avocat. "Selon lui, il y a d'autres causes", a indiqué Me Mohamed Khanifar à l'issue de l'audition de son client devant le juge. "Il ne redoute pas que l'autopsie du corps révèle d'autres causes du décès."
> Pas d'autres éléments matériels
L'autopsie, encore: tous les protagonistes du dossier y reviennent. Car dans le dossier Fiona, les éléments matériels sont minces voire inexistants. Les seuls éléments tangibles sur lesquels les enquêteurs puissent s'appuyer, pour le moment, sont les déclarations des uns et des autres. Impossible, avec cela, de déterminer clairement les responsabilités pénales.
Faute de preuve matérielle, Berkane Maklouf fait pour le moment figure de seul responsable de la mort. Lui seul est mis en examen pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Cécile Bourgeon, elle, n'est pour le moment mise en examen que pour des faits ultérieurs à la mort de la fillette - comme le recel de son cadavre. Des faits délictuels qui ne sont passibles de la cour d'assises, seule juge des crimes.
> Établir les responsabilités pénales
Me Khanifar, l'avocat de Berkane Maklouf, conteste l'idée que son client endosse seul la responsabilité de la mort de Fiona. Selon lui, la justice ne se fonde que sur des hypothèses: le fait que Berkane Maklouf soit seul à posséder "des antécédents judiciaires" de violence, et "l'antériorité des aveux" de Cécile Bourgeon. Maigre, estime l'avocat. Trop en tout cas, plaide-t-il, pour établir des certitudes judiciaires que seul le corps de la fillette serait en mesure de donner.
Cécile Bourgeon saurait-elle où est enterré le corps, ce que clame Berkane Maklouf? Se jouerait-elle des enquêteurs pour ne pas voir des preuves matérielles dévoilées à son encontre, des preuves qui pourraient voir sa responsabilité engagée dans la mort de la fillette? Pour tenter d'en savoir plus, la justice devrait bientôt organiser une confrontation. Mais dans cette affaire bâtie sur le mensonge, difficile désormais de savoir qui croire.