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Police-Justice

Face aux "black blocs", "il n'y a aucune démobilisation", assure François Molins

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Les images de violences, notamment lors de la manifestation du 1er-Mai, ont suscité de vives critiques pointant du doigt un manque d'anticipation pour prévenir l'action des "black blocs". Des remarques rejetées par le procureur de la République de Paris, s'exprimant sur BFMTV.

Des hommes cagoulés, vêtus de noir, qui s'en prennent aux vitrines des magasins ou au matériel urbain. Cette image a marqué les différentes manifestations organisées ces dernières semaines et principalement celle du 1er-Mai où près de 1200 membres de la mouvance radicale "black blocs" ont pris la tête du cortège. De quoi susciter de vives critiques, notamment sur la gestion des manifestants violents au niveau policier et judiciaire.

"Il n'y a aucune démobilisation de qui que ce soit, que ce soit au niveau des services de renseignements, que de la justice", insiste François Molins, le procureur de la République de Paris, invité de Ruth Elkrief sur BFMTV.

Face à une menace terroriste endogène forte en France, François Molins assure que la lutte contre une forme de radicalisation et un recours à la violence plus accentué n'a pas été mise entre parenthèse.

"Il y a des fiches S qui concernent des radicalisés violents, mais il y a aussi des fiches S qui concernent aussi des militants de l’ultra droite et de l’ultra gauche", rappelle le procureur.

"Au contraire, ce sont des phénomènes que l’on suit depuis plusieurs années (...)."

"C’est toujours très difficile d’interpeller quelqu’un en amont"

Certains ont estimé pourtant qu'il y avait un manque d'anticipation des forces de l'ordre face aux violences perpétrées en marge des manifestations syndicales. "Intervenir, c’est à la fois appliquer la loi, insiste le procureur de la République de Paris. La Constitution en France garantit la liberté de manifestation et d’opinion, mais il y a une loi qui interdit le recours à la violence." François Molins cite alors le travail en amont réalisé par les services de renseignement, les interdictions de paraître prises "depuis deux ou trois ans", les contrôles d'identité avant les manifestations.

"C’est toujours très difficile d’interpeller quelqu’un en amont du passage à l’acte, parce qu’on ne peut pas, bien évidemment, vous poursuivre pour un délit d’opinion, poursuit le patron du parquet de Paris. Vous ne pouvez rendre des comptes sur le plan pénal que si on peut vous reprocher quelque chose matériellement qui va constituer une infraction."

Une manière d'expliquer le nombre restreint de poursuite et de condamnation des personnes interpellées lors de ces manifestations. "Ce n’est pas du laxisme, ça renvoi à la difficulté de l’exigence probatoire, martèle François Molins. Quand on interpelle les gens, il faut pouvoir prouver qu’ils ont fait part à une infraction." Le procureur en veut pour preuve la manifestation du 22 mai au cours de laquelle le lycée Arago, à Paris, a été occupé. Sur 128 personnes interpellées, 80 ont été déférées devant la justice.
J.C.