Evasion de Redoine Faïd: le pilote de l'hélicoptère scrupuleusement choisi par le commando

Pilote très expérimenté, spécialiste des vols dans des secteurs exigus, Stéphane Buy se dit persuadé que le commando à l'origine de l'évasion de Redoine Faïd s'était bien renseigné sur ses capacités de pilotage avant de le prendre en otage.

Dimanche 1er juillet, le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd s'est une nouvelle fois évadé de prison lors d'une opération spectaculaire: alors qu'il se trouvait au parloir, un hélicoptère s'est posé dans la cour d'honneur du centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne, avant que trois complices cagoulés n'aillent le chercher et repartent avec lui. Deux jours après cette évasion, des informations ont été révélées sur Stéphane Buy, le pilote de l'hélicoptère, qui a été pris en otage par le commando avant d'être laissé libre près de Gonesse, dans le Val-d'Oise, où Redoine Faïd et ses complices ont ensuite pris la fuite.

"Quand j'ai entendu à la radio qu'il y avait eu un détournement d'hélicoptère, j'ai tout de suite pensé à lui", raconte à BFMTV l'un de ses proches, qui évoque un pilote de très haut niveau, spécialiste des "vols en zone exiguë". "Il est resté en stationnaire à à peu près 10 ou 15 centimètres du sol. Venir se poser dans un petit rectangle parfaitement défini, ce n'est pas permis à tout le monde", indique Jacques Escarffe.

Pour les spécialistes, ce pilote aurait été choisi pour sa connaissance de l'Alouette, un hélicoptère de collection vieux de 60 ans, très exigeant. "Quelqu'un qui aurait une vague notion de pilotage d'un hélicoptère est absolument incapable de le prendre en charge. Se poser dans une cour de prison puis après sur une petite route à proximité d'une voie d'accès, c'est de l'ordre d'un pilote extrêmement expérimenté", estime ainsi Thierry Couderc, délégué général de l'Union syndicale de l'hélicoptère.

"Je ne savais pas à qui j'avais affaire"

Roué de coups après l'atterrissage, le pilote pris en otage n'a été que légèrement blessé. Pour des raisons de sécurité, il a été placé sous protection policière. Invité ce mercredi sur RTL, Stéphane Buy est revenu sur le déroulé des faits.

"Je pense qu'ils ont dû bien se renseigner sur la manière dont je pilotais", avance-t-il.

Les deux individus avaient déjà effectué plusieurs vols de découverte avec Stéphane Buy. Le pilote pense alors qu'il a affaire à un père et son fils, âgés d'une cinquantaine et d'une vingtaine d'années, qui lui demandent de voler dans l'Alouette II. Ce que Stéphane Buy refuse d'abord, par manque de carburant. 

Sous la menace de ses agresseurs, qui n'hésitent pas à le frapper à plusieurs reprises à coups de crosse, Stéphane Buy se plie à leur demande et s'envole vers un terrain vague où d'autres hommes équipés de matériel montent à bord. Puis ils lui ordonnent de se rapprocher de la maison d'arrêt de Réau, où le pilote parvient sans difficulté à se poser dans la cour d'honneur.

"Je ne me sens pas en danger du tout, je suis tellement concentré sur mon vol", raconte le pilote, qui n'a appris l'identité du prisonnier que plus tard par la police. "Je ne savais pas à qui j'avais affaire", assure Stéphane Buy, encore sous le choc.

Mélanie Rostagnat