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Police-Justice

Est-il possible de juger les recruteurs des filières de jihadistes?

Le procès d'une filière d'acheminement de jihadistes s'ouvre mardi à Paris.

Le procès d'une filière d'acheminement de jihadistes s'ouvre mardi à Paris. - Loic Venance - AFP

Le procès d'une filière d'acheminement de jihadistes en Syrie s'ouvre ce mardi au tribunal de grande instance de Paris. Toutefois, le principal prévenu, Salim Benghalem, un Français de 35 ans, présenté comme le responsable de l'organisation, sera absent.

Un procès qui sera particulièrement observé deux semaines seulement après les attentats qui ont frappé Paris et Saint-Denis et qui ont fait 130 morts. Ce mardi, s'ouvre à Paris le procès d'une filière d'acheminement de jihadistes français en Syrie. Un seul prévenu manquera à l'appel: il s'agit de Salim Benghalem, un Français de 35 ans, considéré pourtant comme le cerveau de cette organisation, et toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international. 

Outre Benghalem, installé en Syrie depuis le printemps 2013, six autres personnes vont comparaître jusqu'au 7 décembre. L'une d'entre elles serait restée environ un an et demi en Syrie, d'abord aux côtés du Front Al-Nosra, affilié à al-Qaïda, puis aux côtés de Daesh. L'homme aurait recruté et combattu avec quatre co-prévenus. Le dernier des accusés pourrait avoir été un recruteur, ce dont il se défend, qui pourrait n'avoir jamais fait le voyage en Syrie.

Revenir pour commettre un attentat

Ce dernier aurait pourtant eu des rapports avec Mohamed Achamlane, chef du groupe islamiste Forsane Alizza, qui a été condamné en juillet dernier à neuf ans de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention illégale d'armes, au cours d'un procès dont les éléments attestaient de la volonté de commettre "un acte terroriste", a estimé le tribunal.

Ce type de condamnation, à l'encontre d'individu identifié comme des chefs de filières jihadistes, reste rare. Et pour cause, les "cerveaux" présumés sont souvent intouchables, car cachés en Syrie. C'est le cas de Salim Benghalem. A la veille de son procès, son ex-épouse assure que le jihadiste lui avait confié "que s'il revenait, c'était pour faire un attentat, pour faire un maximum de dégâts". 

Des chefs morts

Une trajectoire que semble avoir suivi Abdelhamid Abaaoud. Ce dernier a longtemps été qualifié de cerveau des attaques du 13 novembre à Paris. Aux premières heures de l'enquête, on le pensait encore en Syrie, avant qu'un appel le localise en France. Il sera tué lors de l'assaut du Raid dans un logement de repli qu'il avait trouvé à Saint-Denis.

Selon le ministère de l'Intérieur, plus de 500 Français se trouveraient en Syrie ou en Irak. Après la mise en place d'une plate-forme de signalement, 625 candidats au jihad avaient été stoppés en 2014, selon Bernard Cazeneuve.

Peu d'interpellations

Toutefois, les autorités réussissent à mettre la main sur certains de ces responsables de filières. Ainsi, en août 2014, Mourad Farès, un trentenaire originaire de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, a été arrêté en Turquie alors qu'il était soupçonné d'être un "sergent recruteur" du jihad en Syrie de nombreux adolescents français. Il a été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste pour des délits commis en France et en Syrie, financement de terrorisme et direction d'un groupe terroriste.

Les services de renseignements et l'anti-terrorisme surveillent également activement celui que l'on surnomme l'"émir blanc" de la filière d'Artigat en Ariège. Olivier Corel, 69 ans, imam salafiste et mentor présumé de plusieurs jihadistes toulousains, de Mohamed Merah à Fabien Clain, a été perquisitionné le 24 novembre dernier avant d'être condamné à six mois de prison avec sursis pour détention d'armes.

Justine Chevalier