"Est-ce que vous êtes inhumain ou incompétent?: au procès de Cédric Jubillar, un expert décrié devant la cour d'assises sur les points GPS du téléphone

Cédric Jubillar, le 23 septembre 2025, devant la cour d'assises du Tarn, à Albi - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
La déposition d'un témoin, ancien policier cité comme expert par un avocat des parties civiles, a suscité ce jeudi 25 septembre de vives réactions au procès de Cédric Jubillar. Sa présentation devant les assises du Tarn, a été qualifiée de "plaisanterie" par l'accusation et de "ridicule" par la défense.
Cet homme de 64 ans s'est présenté à la barre comme retraité de la police ayant "plus de trente ans d'expérience" en matière d'analyses téléphoniques, mandaté par le cabinet de Mourad Battikh, avocat de plusieurs proches de Delphine Jubillar, pour réaliser une contre-expertise du portable de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse. Il a notamment examiné les points GPS enregistrés dans le compte Google de l'accusé.
Au cours d'une présentation de plus d'une heure, le témoin a développé une analyse prenant pour hypothèse que des nombres semblant correspondre à des latitudes et longitudes, découverts dans des noms de fichiers du téléphone de Cédric Jubillar, désignaient le lieu où l'accusé aurait caché le corps de son épouse.
Ces éléments, simples aléas techniques désignés sous le nom de "faux positifs" par les experts en technologie numérique, ont été écartés lors de l'enquête.
Le quinquagénaire a également livré sa théorie selon laquelle Cédric Jubillar aurait deux téléphones, un avec lui tandis que son téléphone "officiel" était éteint à son domicile de Cagnac-les-Mines. Ces deux appareils se seraient synchronisés par la suite, d'après l'ancien policier qui s'est appuyé sur un PowerPoint surprenant. Cet exposé brouillon lui a valu d'être racadré par la présidente.
"Est-ce que vous êtes inhumain?"
Les affirmations du témoin, souvent confuses, ponctuées de moments où il peinait à trouver ses mots, évoquant des "trucs" de la procédure, ont également suscité des murmures dans le public ainsi que des réactions interloquées voire de la colère de la part de plusieurs parties.
Pierre Aurignac, l'un des deux avocats généraux de ce procès, a par exemple pointé une erreur jugé flagrante d'horaire dans le rapport du témoin pour l'interroger: "vous demandez à cette cour d'assises de condamner cet homme sur la base de cette plaisanterie, Monsieur?", en déplorant en outre que son rapport puisse "faire naître" inutilement "des espoirs" de retrouver un corps.
L'autre avocat général, Nicolas Ruff, est dans la foulée allé beaucoup plus loin, affirmant: "ma question est la suivante, est-ce que vous êtes inhumain ou est-ce que vous êtes incompétent ?"
"On nous sort un pseudoexpert qui se trompe d'horaire, qui se trompe de cote, qui a accès au dossier alors qu'il ne devrait pas y avoir accès. Tout cela est ridicule", a déploré la défense.
Une représentante du cabinet d'avocats ayant cité le témoin a de son côté justifié sa citation devant la cour par le souhait d'éclairer d'éventuelles "zones d'ombre" du dossier.