BFMTV
Police-Justice

Double meurtre à Valence et en Ardèche: où en est l'enquête au lendemain du drame?

Des policiers et des membres des services de secours devant une agence Pôle Emploi de Valence où une conseillère a été tuée, le 28 janvier 2021

Des policiers et des membres des services de secours devant une agence Pôle Emploi de Valence où une conseillère a été tuée, le 28 janvier 2021 - PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP

Au lendemain du passage à l'acte d'un ingénieur sans emploi qui a tué deux personnes à Valence, les enquêteurs s'interrogent pour savoir s'ils n'ont pas affaire à "un tueur de DRH".

Le procureur de la République de Valence insistait ce jeudi, quelques heures après le drame, pour parler d'"assassinat". Dans une agence Pôle emploi de la ville puis dans une entreprise de collecte des déchets de la commune voisine de Guilherand-Granges, un ingénieur de 45 ans est passé à l'acte, tuant deux personnes, avant d'être interpellé.

La garde à vue de cet homme a été prolongée ce vendredi matin. Elle peut durer jusqu'à 48 heures avant qu'il ne soit présenté à un juge d'instruction en vue d'une éventuelle mise en examen.

• Qui est le tireur présumé?

L'homme est un ingénieur de 45 ans, résidant à Nancy, dans l'est de la France. Célibataire et sans emploi, il était inconnu des services de police. Interpellé jeudi au cours de ce périple meurtrier sur le pont Mistral, reliant les deux villes, il est en garde à vue et garde le silence face aux enquêteurs de la police judiciaire.

Le procureur de Valence, Alex Perrin, a décrit cet homme familier des armes à feu. "Ce n'était pas un tir pour blesser, mais bien pour tuer", a indiqué le magistrat pour évoquer l'assassinat de la conseillère Pôle emploi au sein de l'agence dans laquelle l'ingénieur n'était pas inscrit. Les enquêteurs ont retrouvé deux armes de poing de 9 mm sur la scène de crime et dans la voiture du suspect, qui était détenteur d'une autorisation de port d'armes.

• Que s'est-il passé à Valence et Guilherand-Granges?

Il était aux alentours de 8h30 jeudi quand l'individu s'est présenté à l'agence Pôle emploi de Valence. Il a consulté les bornes automatiques de recherche d'emploi, s'est entretenu avec plusieurs conseillers mais au moment de partir l'homme a ouvert le feu. Il a visé une conseillère de 53 ans, qu'il ne connaissait pas visiblement. L'ingénieur s'est ensuite enfui à bord de son véhicule. Elle a été atteint mortellement au thorax.

Il a traversé le pont Mistral pour rejoindre la commune de Guilherand-Granges. Le suspect est alors entré dans les locaux de l'entreprise Faun Environnement, qui emploie 200 salariés, et où il a travaillé entre 2008 et 2010. Il demande alors à voir un responsable, parti à la retraite depuis. Il monte dans les bureaux puis tire à plusieurs reprises. La directrice des ressources humaines, âgée d'une cinquantaine d'années, est blessée mortellement.

Il a ensuite à nouveau pris la fuite, direction Valence. C'est sur le pont Mistral qu'il est interpellé par les services de police.

• Y a-t-il un lien avec les faits similaires en Alsace?

Les enquêteurs s'interrogent s'ils n'ont pas affaire à un "tueur de DRH". Selon une source proche de l'enquête, les policiers de l'antenne de Valence de la police judiciaire de Lyon et leurs collègues alsaciens ont établi qu'il y avait "des liens avérés" entre le double meurtre de Valence et de Guilherand-Granges et d'autres faits survenus en début de semaine dans le Haut-Rhin.

Mardi soir, un individu s'est présenté au domicile d'un homme à Wattwiller travaillant dans les ressources humaines. L'homme ouvre la porte et l'individu lui tire dessus. L'agresseur rate sa cible et prend la fuite en direction de son véhicule. L'homme le rattrape et pendant l'altercation réussit à arracher le masque de son agresseur, qui portait également une casquette et des lunettes. De l'ADN a pu être recueilli sur ce masque par les enquêteurs, il appartient au suspect. Les enquêteurs savent également que ce dernier a été licencié de l'entreprise où travaillait cet homme. Ce dernier l'a d'ailleurs formellement reconnu sur photo.

Une autre affaire intrigue les policiers. Mardi toujours, le corps d'une femme a été retrouvé criblé de balles dans son véhicule garé sur le parking de son entreprise à Wolfgantzen dans le Haut-Rhin. Cette dernière travaillait également dans le domaine des ressources humaines. Entre 2009 et 2011, elle a d'ailleurs travaillé dans la même entreprise que l'homme visé à son domicile. Les enquêteurs privilégient donc la piste d'un drame social. Reste à savoir si cet homme, désormais qualifié de tueur en série puisqu'il a fait plus de trois victimes, agit par vengeance.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV