DIRECT 2017- Le patrimoine des Le Pen sous-évalué, selon le fisc

Il voulait éviter "le tribunal médiatique". François Fillon a été convoqué mardi matin par les trois juges d'instruction en charge de l'affaire concernant les emplois présumés fictifs de son épouse et de deux de ses enfants. Un rendez-vous, avancé de 24 heures à la demande du candidat Les Républicains afin d'échapper aux journalistes, qui s'est achevé par sa mise en examen pour "détournement de fonds publics", "recel d'abus de biens sociaux" et "manquements aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique".
François Fillon est arrivé à 9h30 au pôle financier dans le IXe arrondissement de la capitale accompagné de son avocat Me Antonin Levy. L'ancien Premier ministre et sa défense ont été reçus par les trois juges d'instructions, Serge Tournaire, Stéphanie Tacheau et Aude Buresi, en charge de l'information judiciaire ouverte le 24 février dernier. Le candidat LR a obtenu l'avancée de cette convocation in extremis après que le juge Tournaire a réussi à déplacer une confrontation concernant l'affaire des sondages de l'Elysée entre Claude Guéant, Patrick Buisson et Emmanuelle Mignon.

Fillon n'a pas répondu aux questions des juges
Face aux juges, après la lecture des faits, François Fillon est pourtant resté muet face aux questions se retranchant derrière un droit prévu par le Code de procédure pénale. Il s'est contenté d'une déclaration, dans laquelle il s'en est pris au calendrier judiciaire de l'affaire. "Il est de mon devoir de répondre à la convocation que vous m'avez adressée, a-t-il. Quels que puissent être mes désaccords sur la méthode qui a présidé à la détermination de la date de cet interrogatoire, le respect dû à l'autorité judiciaire s'impose à chacun d'entre nous."
"C'est le calendrier de cette procédure, en plein cœur de la campagne présidentielle, qui m'impose le choix de cette déclaration", insiste-t-il.
Dans un plaidoyer, il s'est appliqué à prouver la véracité de l'emploi son épouse comme assistante parlementaire puis comme conseillère littéraire à la Revue des deux mondes. "Il est également de mon devoir de venir aujourd'hui devant vous afin de vous affirmer: oui, j'ai employé mon épouse et la réalité de son travail est indéniable, dit-il. Cette réalité a été confirmée dans le détail par plusieurs personnes qui ont travaillé à ses côtés durant de nombreuses années." François Fillon a alors estimé que "la charge de la preuve a été renversée, (...) le [me] mettant dans l'obligation de démontrer mon innocence".
"Glissement sémantique"
Tout comme le candidat Les Républicains, son avocat s'en est pris au parquet national financier, à l'origine de cette enquête, notant que le PNF n'aurait pas transmis deux notes sur les faits "et le droit applicable" que la défense de François Fillon lui aurait remises. Après avoir entendu ces éléments, les juges d'instruction se sont retirés avant de revenir, en fin de matinée, signifier au candidat LR sa mise en examen pour "détournement de fonds publics", "recel d'abus de biens sociaux" et "manquements aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique".
Pour Me Levy, cette convocation aura permis de nuancer les faits reprochés: "On nous dit depuis le début : ‘emplois fictifs, emplois fictifs’. Et maintenant, on arrive pour la mise en examen, on dit ‘Monsieur Fillon vous êtes convoqués aujourd’hui pour l’emploi de votre épouse, Penelope Clarke, emploi fictif ou surévalué ?’ Nous sommes le 14 mars et on passe pour la première fois dans un glissement sémantique."
Désormais, le calendrier judiciaire de François Fillon devrait s'alléger. Après avoir entendu le candidat LR, les juges d'instruction ont convoqué Penelope Fillon, théoriquement, le 28 mars. D'autres auditions ou confrontations devraient être organisées laissant imaginer que l'ancien Premier ministre ne sera pas jugé avant la présidentielle. Mais surtout, la défense du candidat LR va déposer des recours et dénoncer les décisions de justice, à commencer par cette première mise en examen.