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Police-Justice

"Dégoût": la députée Sandrine Josso déplore l'annonce "tardive" de la démission du sénateur Joël Guerriau

Sandrine Josso dénonce un "repli stratégique" de la part de Joël Guerriau "à quelques mois de son procès".

Sandrine Josso dénonce un "repli stratégique" de la part de Joël Guerriau "à quelques mois de son procès". - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d'avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de la violer en 2023, a annoncé qu'il allait démissionner. L'élue a dit son "dégoût", estimant qu'"encore une fois, c'est l'agresseur qui choisit son calendrier".

Après l'annonce de la démission du sénateur Joël Guerriau, la députée Sandrine Josso déplore un "scénario qui n'abuse plus personne", dans un communiqué publié ce samedi 20 septembre.

L'élue, qui accuse le sénateur de l'avoir droguée à des fins sexuelles en 2023, critique également une démission "tardive, à la carte et sur fond d'indignité".

"Encore une fois, c’est l’agresseur qui choisit son calendrier, son récit, sa sortie. Il ne s’agit pas d’un acte de responsabilité ou de décence: il s’agit d’un repli stratégique, à quelques mois de son procès et après avoir largement profité des privilèges attachés à sa fonction."

Joël Guerriau, 67 ans, doit quitter "le Sénat le 6 octobre 2025", a rapporté samedi API News, filiale de Ouest-France. D'après cette source, le sénateur a confirmé cette décision dans un courrier qui va être adressé aux maires du département. Ce départ "n'est pas une conséquence de son affaire judiciaire, mais la traduction d'un engagement pris lors des sénatoriales de 2023", d'après API News.

"Dégoût"

"J'ai appris avec dégoût ce matin l'annonce de la démission prochaine de Joël Guerriau. Une décision qu'il présente comme le fruit d'un engagement personnel et non, selon lui, en lien avec l’affaire judiciaire extrêmement grave dans laquelle il est mis en examen", a rétorqué la députée.

Sandrine Josse dénonce également le rôle du Sénat, qui "l'a protégé" en "évitant toute mesure de destitution malgré une mise en examen pour des faits gravissimes, la détention avérée de substances illégales à son domicile, des alertes multiples de parlementaires, d’élus, de citoyens et une mobilisation médiatique sans précédent".

Selon l'élue, ailleurs qu'en France, "la simple détention de drogue aurait suffi à déclencher une mise à l’écart immédiate". Sandrine Josso y voit un "scandale démocratique".

"Le message envoyé à toutes les victimes de violences sexuelles est désastreux: 'Si votre agresseur a du pouvoir, il pourra s’en sortir, gagner du temps et partir quand bon lui semble'", estime-t-elle.

Jugé en novembre

Le sénateur centriste sera prochainement jugé par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir dilué de la MDMA à 91,1% pure dans un verre de champagne pour en faire consommer à sa collègue du Parlement afin, d'après l'ordonnance des juges dont l'AFP a eu connaissance, "de commettre un viol ou une agression sexuelle". Il sera aussi jugé pour détention de stupéfiants. Le procès est prévu le 27 novembre.

Affaire Joël Guerriau: quelle est la version de Sandrine Josso?
Affaire Joël Guerriau: quelle est la version de Sandrine Josso?
3:31

Suspendu par son parti Horizons et par son groupe parlementaire Les Indépendants, Joël Guerriau, sénateur de Loire-Atlantique depuis 2011, avait exclu de démissionner de son poste tant que la justice n'avait pas "tranché", mais il avait accepté de se mettre "en retrait" des travaux parlementaires.

Début juillet, le président du Sénat, Gérard Larcher, avait annoncé qu'il prévoyait de saisir le comité de déontologie de l'institution, ouvrant la voie à des sanctions disciplinaires visant le sénateur.

Arthus Vaillant