Soumission chimique de la députée Sandrine Josso: le parquet demande un procès contre Joël Guerriau

Le sénateur Joël Guerriau, ici à Paris le 6 novembre 2024. - GEOFFROY VAN DER HASSELT
Près d'un an et demi après le dépôt d'une plainte de la députée Sandrine Josso à l'encontre de Joël Guerriau, soupçonné de l'avoir droguée pour abuser d'elle en 2023, le parquet de Paris demande à ce que le sénateur centriste comparaisse devant un tribunal correctionnel, apprend BFMTV ce lundi 7 avril.
Dans son réquisitoire définitif, le parquet souhaite qu'il soit à la fois jugé pour "administration de substances en vue de commettre une infraction sexuelle", ce qu'on appelle communément la soumission chimique, et pour "détention de MDMA".
C'est désormais aux juges d'instruction de prendre la décision de le renvoyer devant un tribunal correctionnel.
"Ce réquisitoire n'a rien d’étonnant au vu du dossier d’instruction particulièrement accablant pour le mis en examen. De toute évidence, le parquet s’est estimé largement convaincu, cela confirme le sentiment qui est le nôtre depuis le début de cette instruction. Il nous reste désormais à attendre l’ordonnance du juge d’instruction", commente l'avocat de la députée, Me Arnaud Godefroy, auprès de BFMTV.
De la MDMA dans le sang de la députée
Le 14 novembre 2023, le sénateur Joël Guerriau vient d’être réélu. Afin de célébrer cet événement, il invite la députée centriste Sandrine Josso à dîner chez lui, dans le 6me arrondissement de Paris. Le soir venu, l'homme sort deux coupes de champagne et les remplit dans la cuisine tandis qu'elle se trouve dans le salon.
Au bout d’une vingtaine de minutes seulement après avoir commencé à boire, Sandrine Josso raconte avoir senti son rythme cardiaque s’emballer, ses jambes trembler et sa tête tourner. Elle explique qu'elle a également remarqué que Joël Guerriau modifie la luminosité de la pièce, créant des flashs qui l’étourdissent. Des propos que le sénateur conteste.
Elle finit par quitter les lieux en taxi aux alentours de 22 heures malgré, dit-elle, l'insistance du sénateur pour qu'elle reste plus longtemps chez lui. Elle est finalement conduite en urgence dans un hôpital parisien, où les analyses sanguines montrent la présence de MDMA dans son sang, alors qu'elle ne consomme aucune drogue.
Le mis en cause conteste la soumission chimique
Lors d'une perquisition, les enquêteurs retrouvent de la MDMA dans un tiroir de la cuisine du sénateur. Interrogé en garde à vue, celui-ci indique ne pas comprendre pourquoi ce produit se trouve à son domicile.
"Je ne sais même pas où l’on peut s’en procurer", déclare-t-il, selon nos informations.
Il finit par se rappeler qu’un autre sénateur, dont il refuse de donner l’identité, lui a donné un produit "euphorisant pour lutter contre les angoisses".
Il explique avoir versé ce produit au fond d'une coupe de champagne pour le consommer lui-même la veille des faits, avant de se raviser. Toujours selon lui, il avait ensuite rangé la coupe sans la nettoyer et l'a donné "par mégarde" à Sandrine Josso le lendemain.
Depuis, la députée centriste mène un combat contre la soumission chimique et a été chargée par le gouvernement d’une mission pour faire avancer la lutte et la prise en charge des victimes.
Si les faits de soumission chimique qui sont reprochés au sénateur sont confirmés, il encourt jusqu'à 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende.