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Police-Justice

Colis piégé à Lyon: le suspect mis en examen et placé en détention provisoire

Le colis piégé a explosé devant une boutique La brioche dorée, vendredi 24 mai 2019. -

Le colis piégé a explosé devant une boutique La brioche dorée, vendredi 24 mai 2019. - - Philippe Desmazes - AFP

Le suspect de 24 ans passé aux aveux a été mis en examen ce vendredi et placé en détention provisoire.

Le suspect de l'attentat au colis piégé qui a fait 14 blessés à Lyon il y a une semaine, a été mis en examen par le juge d'instruction ce vendredi à Paris pour "tentative d'assassinats terroristes", "association de malfaiteurs terroriste criminelle", "fabrication, détention, et transport d'explosifs en relation avec une entreprise terroriste". Il a été placé en détention provisoire, a annoncé le parquet de Paris.

Les aveux du suspect

Mohamed Hichem M., un jeune Algérien de 24 ans, a d'abord nié les faits avant de passer aux aveux, mercredi. Devant les enquêteurs, il a raconté avoir "prêté allégeance en son for intérieur" au groupe Daesh et a "reconnu avoir déposé" vendredi devant une boulangerie du centre de Lyon, rue Victor-Hugo, "l'engin explosif, qu'il avait préalablement confectionné", a déclaré le procureur de la République de Paris Rémy Heitz dans un communiqué ce vendredi.

Selon une source judiciaire, le jeune homme a également "reconnu avoir actionné l'engin". L'analyse de l'ordinateur qu'il utilisait jusqu'à fin 2018 a "mis en évidence des recherches sur internet révélant un intérêt pour les thèses jihadistes et l'activité de Daesh", a indiqué le procureur. L'attentat n'a fait l'objet à ce jour d'aucune revendication.

Vendredi, la vidéosurveillance avait capté les images d'un jeune homme à vélo, avec casquette et lunettes de soleil, déposant vers 17H30, devant une boulangerie de cette rue piétonne de Lyon, un sac en papier contenant une bombe artisanale. L'explosion a fait 14 blessés - contre 13 annoncés auparavant - "qui présentent des incapacités comprises entre 1 et 30 jours", selon le procureur.

Son profil génétique sur l'engin explosif

Les experts ont pu déterminer que l'engin avait été élaboré avec une charge "de 250 à 400 grammes de TATP associée à des billes d'acier et des vis, un dispositif de déclenchement à distance par télécommande et une source d'énergie composée de 8 piles", a détaillé le magistrat.

L'enquête menée par la sous-direction antiterroriste (Sdat) et la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a rapidement progressé ces derniers jours, notamment grâce à l'exploitation de la vidéosurveillance, qui a permis de retracer l'itinéraire du "jeune homme à vélo". Le travail effectué sur ses données téléphoniques et ses achats sur internet a également mené les enquêteurs jusqu'à ce jeune Algérien, totalement "inconnu des services de police" et "jamais" condamné. Son profil génétique a été retrouvé sur l'engin explosif.

Les enquêteurs pensent qu'il fomentait son projet depuis au moins plusieurs semaines, comme le suggère l'achat sur internet le 7 mai d'"un lot de 20 piles", livré à son domicile d'Oullins, en banlieue lyonnaise où il réside avec sa famille. D'autres découvertes se sont révélées à charge pour le suspect.

"Dans la cuisine", ils retrouvent ainsi les ingrédients entrant dans la composition du TATP, utilisé notamment lors des attentats jihadistes du 13 novembre 2015: trois bouteilles d'eau oxygénée, d'acide chlorhydrique, d'ammoniaque, un sac kraft contenant de nombreuses piles et du fil électrique, selon le procureur. Et "dans les poubelles" de son immeuble, ils ont saisi "une gourde de vélo contenant des traces de TATP, 4 télécommandes" ainsi que des billes d'aciers et des vis.

Des motivations toujours floues

Sans activité et en situation irrégulière, Mohamed Hichem M. "était arrivé en France en août 2017 avec un visa touristique" de 90 jours, selon Rémy Heitz. Son frère et ses parents, arrêtés eux aussi lundi, ont été remis en liberté jeudi. L'enquête qui va se poursuivre devra notamment déterminer si le jeune homme avait une cible précise.

Il y a "un caractère étrange entre la disproportion d'un procédé technique très performant et un volume d'explosif très faible", avait commenté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, rappelé à l'ordre mardi par le procureur de Paris pour avoir rendu publics des éléments de l'enquête.

Manon Fossat avec Rym Bey