Anesthésiste de Besançon: une ex-collègue le soupçonne d'avoir voulu l'empoisonner, la défense réfute

A-t-il voulu empoisonner une consœur? Les charges s’alourdissent à l’encontre du docteur Frédéric Péchier, médecin anesthésiste à la clinique Saint-Vincent de Besançon. Mis en examen pour 24 empoisonnements au total entre 2008 et 2016, il est désormais suspecté d’avoir tenté d’intoxiquer l’une de ses collègues, selon une information du Parisien confirmée par BFMTV.
En avril 2016, Catherine Nambot, elle aussi médecin anesthésiste à la clinique Saint-Vincent, doit se faire opérer d’une prothèse de l’épaule. Sur le planning des anesthésies de la journée, elle se trouve en deuxième position mais au dernier moment, elle réclame que ce soit son compagnon, le docteur Sylvain Serri, qui l’endorme. Sa requête bouscule l’ordre de passage en salle d'opération. Catherine Nambot passe finalement en premier, son intervention se déroule normalement. Mais pour Laurence Nicod, la patiente qui a pris sa place, tout bascule.
Arrêt cardiaque fatal
Cette dernière est victime d’un arrêt cardiaque fatal dès le début de l’opération, les médecins ne parviennent pas à la réanimer. Les analyses montreront plus tard que la poche d’anesthésiques qui lui avait été administrée était surdosée. Pour les enquêteurs, c’est bien Catherine Nambot qui était visée.
"On peut penser que Catherine Nambot était ciblée pour être empoissonnée. Il a clairement voulu la tuer. Il y a énormément de coïncidences, c'est sa défense. On sait que la justice n'aime pas beaucoup les coïncidences. Il y a un tel faisceau d'indices contre lui qui tend à conduire une culpabilité" a précisé Alain Dreyfuss-Schmidt, avocat de Catherine Nambot, ce vendredi matin sur RMC.
Selon le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, le docteur Péchier aurait toujours agi dans un "contexte de conflit aigu avec ses collègues". Quelques semaines avant l’opération, Catherine Nambot et le suspect, qui se côtoyaient depuis plus de 10 ans, s’étaient d’ailleurs disputés.
"Tout cela s'emballe"
L'avocat de Frédéric Péchier, Me Randall Schwerdorffer, rappelle que son client est mis en examen pour le cas de Laurence Nicod, pas pour celui du Dr Nambot, simple "hypothèse de départ des enquêteurs" finalement non retenue par les magistrats instructeurs parmi les faits pour lesquels il est mis en examen. "Il n'y a pas la démonstration d'une quelconque malveillance" dans le cas de Laurence Nicod, assure-t-il encore, cité par l'AFP. Me Schwerdorffer évoque quant à lui une "erreur médicale (...) absolument pas imputable" à son client.
"Tout cela s'emballe", soupire de son côté Me Jean-Yves Le Borgne, qui met en garde: "A force d'hypothèses, on construit un roman, pas un dossier".
Le Dr Péchier continue de clamer son innocence. Il est laissé libre sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer et de se rendre à Besançon ou dans la commune voisine où il réside. Le parquet de Besançon, qui avait requis son placement en détention provisoire, a fait appel de son maintien sous contrôle judiciaire. La chambre de l'instruction doit examiner prochainement cet appel.