Agression à la prison du Havre: en colère, des surveillants mettent en place un service minimum

Un détenu, condamné pour des faits de terrorisme en 2017, s’en est pris ce jeudi matin à deux agents pénitentiaires de la prison du Havre. A l'ouverture de sa cellule vers 7 heures, il a frappé une première surveillante.
"Il était déterminé car il avait un pied de table en fer dans une main et un morceau de verre dans une autre", commente sur BFMTV Thomas, secrétaire local Force ouvrière.
La jeune femme s’est alors protégé le visage tout en appelant du renfort. Un surveillant est rapidement intervenu et a "maîtrisé le détenu avec pas mal de difficultés", souligne Thomas.
"Séquelles psychologiques"
Les deux agents agressés sont toujours à l’hôpital, la surveillante a été blessée au bras et son collègue à l'épaule, à la jambe et au pouce. Leur pronostic vital n’est pas engagé, précise le secrétaire local Force ouvrière inquiet des "séquelles psychologiques" laissées par l’attaque. "On ne sait pas dans quel état ils vont revenir. Ils vont certainement être choqués", présage-t-il.
Devant la prison, des surveillants font le pied de grue. Certains ont refusé de reprendre du service pour montrer leur solidarité envers les agents agressés mais aussi pour manifester leur colère.
"Dans la prison, on a une aile tout entière de détenus radicalisés alors que les surveillants n’ont pas forcément la formation pour gérer ce genre de personnes", déplore le syndicaliste qui réclame le transfert de l’agresseur – qui était suivi par le renseignement – et des autres détenus radicalisés vers des structures adaptées. Il prévient que ce jeudi le service dans la prison du Havre sera "minimum, ce qu’on appelle une journée morte".
Multiples agressions en prison
L’agresseur a été placé en quartier disciplinaire, a fait savoir la direction de l’administration pénitentiaire. Le parquet de Paris a ouvert une enquête des chefs de "violences volontaires avec arme et sur personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours". Les investigations sont confiées à la police judiciaire de Rouen, à la section antiterroriste, la sous-direction antiterroriste et la Direction générale de la sécurité intérieure.
Les agressions contre les surveillants pénitentiaires se multiplient ces derniers mois. Début mars, à Condé-sur-Sarthe dans l’Orne, Michaël Chiolo, détenu radicalisé, avait agressé deux surveillants avec un couteau en céramique avant de se retrancher avec sa compagne pendant près de 10 heures dans une unité de vie familiale de la prison. Le 11 juin, dans cette même prison, une jeune stagiaire et un surveillant expérimenté ont été retenus en otages par un détenu multirécidiviste.