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Police-Justice

Prison de Condé-sur-Sarthe: une cinquantaine de surveillants refusent de prendre leur service

Le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe. (Photo d'illustration)

Le centre pénitentiaire d'Alençon-Condé-sur-Sarthe. (Photo d'illustration) - Jean-François Monier - AFP

Deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe ont été pris en otage pendant plusieurs heures mardi par un détenu de 35 ans. Ils ont été libérés dans la soirée. Le détenu a été arrêté et placé en garde à vue.

Au lendemain de la prise d'otages dans l'établissement pénitentiaire, le personnel de la prison de Condé-sur-Sarthe est décidé à se faire entendre. Une cinquantaine de surveillants refusent de relayer l'équipe de nuit et manifestent devant l'entrée de l'établissement.

"Nous demandons plus d'écoute, car nous savions que ce détenu allait passer à l'acte, il avait changé de comportement et nous avions fait remonter l'information. Pourtant, il était classé auxiliaire, c'est-à-dire qu'il aidait à servir les repas, à faire le nettoyage, tout cela pour acheter la paix sociale", a déclaré Frédéric Eko, membre du Snepap-FSU.

"C'est de la négligence"

"On nous demande de faire remonter toutes les informations auprès de la direction mais cela n'est pas suivi de mesures. Quand un détenu est susceptible de passer à l'acte, nous voulons qu'il soit isolé des autres", insiste Frédéric Eko, qui demande des "réponses concrètes de la direction" et déplore que le matériel qui devait être livré ne l'ait été "qu'en partie" ou alors sans formation. 

"C'est comme si on donnait une arme à un agent et qu'on lui disait de se débrouiller avec, c'est de la négligence", assure le syndicaliste. "Cela devient récurrent dans cet établissement qui est anxiogène. C'est comme si tout le monde s'attendait à ce qui s'est passé hier. On est perdus, on est paumés", a regretté de son côté Alassane Sall, de FO-pénitentiaire, pour qui "les leçons n'ont pas été tirées".

De son côté, l'administration pénitentiaire a indiqué qu'une partie des personnels présents était venue "suite à ce qui s'est passé mardi" tandis qu'une autre "devait prendre son service et ne l'a pas fait". "Il n'y a pas de blocage de l'établissement", a-t-elle toutefois précisé.

Six prises d'otages

La prise d'otages s'est déroulée mardi soir, trois mois après l'attaque de deux surveillants par un détenu radicalisé, qui avait provoqué un vaste mouvement social dans les prisons françaises. Le détenu a retenu pendant près de cinq heures dans sa cellule un surveillant et une stagiaire. Libérés en deux temps, avant et après minuit, les personnels pénitentiaires sont sains et saufs. Le détenu s'est rendu vers 0H30.

Cet individu de 35 ans, déjà condamné à plusieurs reprises, notamment pour le meurtre d'un détenu, est bien connu de l'administration pénitentiaire. Depuis 2006, il a participé à cinq prises d'otages. Selon nos informations, il souffre de problèmes psychiatriques et d'une addiction à la drogue. 

Benjamin Rieth avec AFP