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Police-Justice

Affaire Tapie: Claude Guéant a été placé en garde à vue

L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant (à droite) doit s'exprimer sur ses contacts avec l'homme d'affaires Bernard Tapie (à gauche), le 26 mai dans le cadre de l'arbitrage avec le Crédit Lyonnais.

L'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant (à droite) doit s'exprimer sur ses contacts avec l'homme d'affaires Bernard Tapie (à gauche), le 26 mai dans le cadre de l'arbitrage avec le Crédit Lyonnais. - -

L'ancien ministre de l'Intérieur a été placé en garde à vue ce lundi par la brigade financière pour s'expliquer sur son rôle dans l'arbitrage Tapie. Claude Guéant va devoir détailler ses relations avec Bernard Tapie et expliquer les nombreuses visites de l'homme d'affaires à l'Elysée.

Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur sous Nicolas Sarkozy, a été placé en garde à vue lundi matin, dans l'enquête sur l'arbitrage controversé dont a bénéficié Bernard Tapie dans son litige avec le Crédit Lyonnais.

A bord d'une Peugeot 508 grise, l'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy est arrivé tôt lundi matin à la brigade financière de la PJ parisienne, dans le 13e arrondissement, où il devait être interrogé sur son rôle dans la décision de recourir à l'arbitrage pour solder le contentieux entre l'homme d'affaires et le Crédit Lyonnais.

Claude Guéant devrait également être interrogé sur la fiscalité jugée avantageuse appliquée à l'indemnité de plus de 400 millions d'euros octroyée en 2008 à Bernard Tapie.

Âgé de 69 ans, celui qui a accompagné Nicolas Sarkozy à tous les postes clés, du ministère de l'Intérieur à l'Elysée, pourrait rester jusqu'à 96 heures en garde à vue. A l'issue des interrogatoires, il pourra être laissé libre sans charges ou présenté aux trois juges du pôle financier qui instruisent l'affaire, et éventuellement mis en examen.

Me Gilles August, l'ancien avocat du CDR, l'organe chargé de régler le passif du Crédit Lyonnais, et un autre conseil du CDR, Me Jean-Pierre Martel, sont également convoqués par la Brigade financière.

Une audition attendue

L'audition de Claude Guéant, qui se refuse à tout commentaire, est très attendue: il a été prêté à l'ancien secrétaire général de l'Elysée (2007-2011) un rôle de premier plan dans cette affaire. Ses bureaux et son domicile avaient été perquisitionnés en février 2013.

Les juges soupçonnent que la décision rendue en juillet 2008 par trois juges arbitres et allouant à Bernard Tapie la somme de 403 millions d'euros pour solder son vieux contentieux sur la vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais a été le fruit d'un "simulacre d'arbitrage" validé au plus haut niveau de l'Etat.

Dans une interview à ce sujet donnée au Monde en novembre, Bernard Tapie affirmait avoir vu Claude Guéant "très souvent". "Il a été la courroie de transmission et l'organisateur au gré et à la volonté des différents ministres", a également déclaré l'homme d'affaires, mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" avec quatre autres protagonistes.

"Très impliqué dans le dossier"

Un autre mis en examen, l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy, Stéphane Richard, a désigné Claude Guéant comme son "interlocuteur à l'Elysée sur ce dossier". Devant les enquêteurs, Stéphane Richard a expliqué que Claude Guéant était "apparu dès le départ très impliqué sur cette affaire".

Désormais avocat, Claude Guéant devrait devoir détailler ses relations avec Bernard Tapie et expliquer les nombreuses visites de l'homme d'affaires à l'Elysée, en 2007 et 2008, dans une période cruciale pour l'arbitrage. Parmi elles, une réunion clé, qu'il avait convoquée, fin juillet 2007, en présence de Bernard Tapie.

Bernard Tapie est cependant revenu sur ses propos en qualifiant cette audition de "non-événement", attribuant un rôle "non-décisif" à l'ancien ministre de l'Intérieur.

V.P. avec AFP