Affaire Maurice Agnelet: l'enquête italienne peut-elle influencer le verdict?

Me François Saint-Pierre et son client, Maurice Agnelet, le 17 mars dernier. - -
Mise à jour jeudi à 17h15: l'avocat général, Philippe Petitprez, a requis vingt ans de réclusion contre Maurice Agnelet. Verdict attendu vendredi. A suivre en direct sur BFMTV.
Agnès Le Roux a disparu en 1977. Depuis, personne n'a jamais retrouvé la jeune femme, qui n'avait que 29 ans. Mais lundi, coup de tonnerre. Alors que la cour entame la quatrième semaine de procès de Maurice Agnelet, accusé du meurtre de la jeune femme, son fils va faire des révélations qui vont tout bouleverser, et qui vont entraîner l'ouverture d'une enquête en Italie.
Guillaume Agnelet raconte devant une assistance pétrifiée que son père a tué Agnès à la Toussaint 1977, lors d'une virée en camping sauvage en Italie, dans un coin reculé de la région de Monte Cassino. "En pleine nuit, il s'est réveillé et a tiré une balle dans la tête d'Agnès Le Roux". Des détails macabres qu'il dit tenir de la bouche de son père et de sa mère, qui lui auraient fait des confidences à trois reprises par le passé.
La police transalpine recherche désormais dans ses archives la trace d'un corps qui n'aurait pas été identifié, et des poursuites judiciaires contre Maurice Agnelet pourraient être envisagées en Italie si elle retrouve des éléments compromettants. L'ouverture de cette nouvelle enquête peut-elle changer la donne en France? La cour peut-elle décider de renvoyer le procès en attendant les conclusions de l'Italie? Eléments de réponse.
> Le verdict peut-il être impacté?
Pour répondre à cette question, retour en Italie. Mercredi, les carabiniers ont annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire, "dont les résultats seront communiqués au parquet local". Selon toute vraisemblance, si Agnès Le Roux a véritablement été tuée dans la région, son corps a déjà été retrouvé à ce jour. A charge maintenant pour les policiers d'en retrouver la trace dans leurs archives.
Mais ces recherches en Italie ne devraient toutefois pas impacter l'issue du procès, qui, rappelons-le, est celui d'une affaire de meurtre sans cadavre et sans preuve formelle. Le procès s'est déroulé comme prévu initialement. Mercredi, le président de la cour, Philippe Dary, a d'ailleurs balayé la nouvelle de l'enquête en Italie du revers de la main, rétorquant que des vérifications avaient déjà été faites par le passé en 2002 et qu'elles n'avaient rien donné.
> Quelle est la stratégie de l'avocat de la défense?
Personne n'a demandé de renvoi du procès dans l'attente des résultats de l'enquête préliminaire en Italie. "Me François Saint-Pierre (qui défend Maurice Agnelet, ndlr) sait pertinemment que la cour n'aurait jamais donné suite à une demande de renvoi, après quatre semaines de procès et à deux jours du délibéré", explique l'avocat pénaliste Me Quentin Blanchet Magon, joint par BFMTV.com.
En revanche, jeudi matin, Me Saint-Pierre a déposé des conclusions pour donner acte de ses réserves sur ce nouveau rebondissement. En se basant sur un article du journal La Repubblica, il affirme que la justice française a déjà transmis des pièces à son homologue italienne, et proteste contre l'illégalité d'une telle transmission.
Sa demande a été refusé par la cour, qui affirme que rien n'a été transmis pour le moment, mais Me Saint-Pierre a joué la carte de la stratégie. "Le fait d'avoir déposé par écrit ses réserves lui permettra d'avoir un jour un motif pour éventuellement se pourvoir en cassation", décrypte Me Blanchet Magon. "En effet, si l'enquête italienne aboutit à l'absence de preuves des dires de Guillaume, mais que le verdict de vendredi condamne Maurice Agnelet à partir des révélations de Guillaume, Me François Saint-Pierre pourra saisir la Cour pour casser ce verdict."