Affaire Jubillar: une avocate réclame de nouvelles fouilles pour répondre à "un impératif de justice"

Une avocate souhaite que les enquêteurs mènent de nouvelles fouilles dans une zone boisée à environ 25 kilomètres du domicile des Jubillar. Une démarche qui a peu de chances de porter ses fruits.

Une nouvelle piste dans l'affaire Jubillar? L'avocate de la meilleure amie de Delphine Jubillar, disparue en décembre 2020 dans le Tarn, a écrit ce lundi 12 mai à la présidente de la cour d'assises de ce département pour lui demander d'ordonner des nouvelles fouilles, selon des sources concordantes à BFMTV.

Dans ce courrier, elle indique qu'il faut "mettre en œuvre tous les moyens (...) permettant de découvrir le corps de Delphine Jubillar" afin de répondre à un "impératif de justice et de dignité". Se basant sur des coordonnées GPS, l'avocate a demandé que ces fouilles soient ordonnées "dans une zone boisée située à proximité de Mirandol-Bourgnougnac", à environ 25 kilomètres du domicile des Jubillar.

Un bornage mystérieux

Pauline Rongier rappelle que le téléphone de Cédric Jubillar, principal suspect dans l'affaire, était inactif la nuit de la disparition, précisément entre le 15 décembre 2020 à 20h08 et le 16 décembre à 3h53.

Or, une expertise poussée a permis de mettre en évidence "une donnée d'emplacement" à 3h21, soit au beau milieu de la période d'interruption de l'activité du téléphone portable. Les experts ont du mal à expliquer la source de cette donnée d'emplacement, précisant qu'"un doute était émis sur la fiabilité de ces données trouvées dans le téléphone de Cédric Jubillar."

Mais, dans le même temps, les "opérations d'expertise ne permettaient pas d'expliquer comment ces données auraient pu être constatées sans que le téléphone portable de Cédric Jubillar ne se soit effectivement trouvé à l'emplacement considéré à l'heure indiquée".

Delphine Jubillar : 4 ans de mystère - 12/01

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Autrement dit, on ne sait pas comment cette donnée a été retrouvée. Mais on ne peut pas exclure que cela s'explique par la présence de Cédric Jubillar dans cette zone boisée à 3h21, la nuit de la disparition.

Par ailleurs, l'avocate indique que le téléphone du principal suspect a borné dans ce même secteur, la veille des faits, laissant entendre qu'il avait peut-être effectué des repérages.

De son côté, l'avocat de Cédric Jubilar Alexandre Martin explique sur BFMTV qu'il s'agit "d'un faux positif" et "d'un bug qui ne correspond à aucune réalité".

Une zone vérifiée, mais pas fouillée

Près de cinq ans après la disparition de Delphine Jubillar, comment expliquer que cette zone n'a jamais fait l'objet de fouilles? En réalité, l'endroit a déjà fait l'objet d'une opération de vérification le 23 avril 2021 par un enquêteur de la section de recherches de Toulouse.

Il a réalisé des photographies des lieux et indiqué qu'il était difficilement accessible, notamment en voiture. Dans son procès-verbal, il a expliqué avoir effectué des "vérifications en amont et en aval du point GPS" mais sans plus d'explications. Il est resté trente minutes environ sur place. Cette zone a donc été vérifiée mais, selon l'avocate, elle n'a pas été fouillée.

"Tout ceci a déjà été vérifié, des investigations ont été menées une expertise téléphonique a été ordonnée en mai 2021, il y a quatre ans", se défend Alexandre Martin sur BFMTV.

"Nous ne sommes opposés à aucune recherche (...) nous ne cessons de le dire", a-t-il précisé sur notre antenne, partageant sa "surprise" face à la demande de sa consœur.

Cette démarche a néanmoins peu de chances d'aboutir. Pauline Rongier se fonde sur l'article 283 du code de procédure pénale qui prévoit que le président de la cour d'assises peut ordonner ces actes "si l'instruction lui semble incomplète ou si des éléments nouveaux ont été révélés depuis sa clôture". Problème, il ne s'agit pas d'éléments nouveaux dans ce cas.

Le procès de Cédric Jubillar est prévu à partir du 22 septembre 2025, il paraît compliqué de tout mettre entre parenthèses pour mener ces nouvelles fouilles.

Les avocats de la famille pas favorables

Preuve du scepticisme autour de l'initiative de Pauline Rongier, Philippe Pressecq, avocat de cousines et amies de Delphine Jubillar, a d'ores et déjà envoyé un courrier pour demander que la demande formulée par sa consœur soit "rejetée". 

Il y explique qu'il ne saurait être "sérieusement soutenu que [les éléments soulevés] sont nouveaux ni que l'instruction ait fait preuve de carence sur ce point". "Les actes sollicités ne peuvent raisonnablement être réalisés dans un délai compatible avec la date prévue [du procès] sauf à bâcler les opérations", indique-t-il également.

La disparition de Delphine Jubillar avait suscité un grand émoi en France, quelques jours avant Noël et quelques semaines après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié en endossant le rôle du mari victime.

Mélanie Bertrand, Matthias Tesson et Vincent Vantighem, avec Matthieu Heyman