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Police-Justice

"Diffusons leur nom": la mère d'Alexia Daval appelle à "honorer" la mémoire de toutes les victimes de féminicide

La mère d'Alexia Daval, Isabelle Fouillot, le 21 novembre 2020, après la condamnation de Jonathann Daval à 25 ans de prison pour avoir tué sa femme Alexia et brûlé son corps en 2017.

La mère d'Alexia Daval, Isabelle Fouillot, le 21 novembre 2020, après la condamnation de Jonathann Daval à 25 ans de prison pour avoir tué sa femme Alexia et brûlé son corps en 2017. - SEBASTIEN BOZON / AFP

Alors que cela fait près de sept ans que sa fille Alexia a été tuée par son mari Jonathann Daval, Isabelle Fouillot appelle à ne pas "oublier" les victimes de féminicide et à "attaquer" ce "fléau" à la "racine".

Il y a près de sept ans, le 28 octobre 2017, Alexia Daval a été tuée par son mari Jonathann Daval, condamné en 2020 à 25 ans de réclusion criminelle. Alors que la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes approche, ce lundi 25 novembre, la mère d'Alexia, Isabelle Fouillot appelle dans les colonnes du Parisien ce samedi 23 novembre à "honorer" la mémoire de toutes les victimes de féminicide.

"J’en appelle à tous les médias, il faut marquer les esprits. J’aimerais que chaque année, le 25 novembre, les chaînes de télévision publient un bandeau déroulant le nom et l’âge des victimes à l’occasion de la journée de la lutte contre les violences faites aux femmes", déclare-t-elle. "Elles avaient une vie, une famille. Elles ne sont pas des numéros".

Isabelle Fouillot déplore en effet que les noms des meurtriers soient retenus mais que ceux des victimes soient "oubliés".

"Chaque nouveau drame, j’enrage"

"Quand nous avons perdu Alexia, on nous a dit qu’elle était la 147e cette année-là (selon le décompte des associations, qui diffère de celui du ministère de l’Intérieur) Mais qui se souvient de la 146e ou de la 148e? Nous continuons à recevoir des lettres, des mots sont déposés sur sa tombe, Alexia est connue de tous. Mais les autres?", remarque la co-autrice du livre Alexia, notre fille. "Ne les oublions pas: diffusons leur nom, honorons leur mémoire!", s'exclame-t-elle.

Si elle explique qu'en 2017, on "commençait tout juste à parler de 'féminicide'", une réalité" dont eux-mêmes n'avaient pas "conscience", elle déplore que "depuis", "rien ne bouge, ou si peu".

"Chaque nouveau drame, j’enrage, car je sais que cette douleur, dont j’ignorais même qu’elle puisse exister, une nouvelle famille va la vivre aussi. On n’imagine pas les dégâts collatéraux: ce sont aussi des frères, des sœurs, des enfants, des oncles, des tantes à qui on arrache un être cher. C’est une souffrance à vie", déclare Isabelle Fouillot.

"Attaquer le problème à la racine"

Elle appelle à "attaquer le problème à la racine" et estime que ce "fléau n'est pas une fatalité". "Quand une femme trouve la force de pousser la porte du commissariat, il faut l’entendre, ne pas la renvoyer dans les mains de son époux violent", abonde-t-elle.

Si la mère d'Alexia estime que la "violence" - "la force des faibles et des lâches" - "fait partie intégrante de notre société", elle appelle à "s'interroger sur qui la commet".

"Le changement, à long terme, ne peut passer que par l’éducation à l’égalité. Les femmes ont le droit de s’affirmer, d’exister, d’être libres", continue Isabelle Fouillot qui affirme que parler de sa fille la "fait tenir debout".

Elle souligne également que l'histoire de Gisèle Pelicot "fait écho" à celle de sa fille et de sa famille. "J’admire beaucoup la force de Gisèle Pelicot et de sa fille Caroline. Elles ne se battent pas pour elles, mais pour les autres", affirme-t-elle.

Elle rappelle que sa fille aussi, comme Gisèle Pelicot, avait des "black out". "On n’a su qu’après, par les analyses capillaires, qu’elle avait absorbé des médicaments pendant des mois", explique la mère d'Alexia.

"C’est bien la preuve que cela se faisait à son insu. Malheureusement, cela n’a pas été assez creusé. Je me dis que si cela avait lieu aujourd’hui, la justice regarderait cela différemment", songe-t-elle, comparant la soumission chimique à "une forme d'emprise à bas bruit".

Isabelle Fouillot affirme que son "fardeau", c'est de "penser" que sa fille "est morte pour rien". "Les années passent et elle nous manque de plus en plus, elle laisse un vide abyssal. Tous les jours, il faut trouver la force d’y faire face", confie-t-elle.

Juliette Brossault