BFMTV
Police-Justice

Affaire Bétharram: interdiction de "dire la messe" pour un prêtre qui a reconnu un fait d'agression sexuelle prescrit

placeholder video
Le prêtre nonagénaire qui a reconnu un fait d'agression sexuelle prescrit dans le cadre de l'affaire Bétharram a été sanctionné à titre conservatoire par l'Église, qui lui a interdit de "dire la messe", a annoncé ce jeudi 13 mars l'évêque du diocèse de Bayonne.

L'évêque de Bayonne, Mgr Marc Aillet, a exprimé sa "honte", ce jeudi 13 mars, face aux multiples dénonciations de violences physiques et sexuelles dans des établissements catholiques du diocèse, dont celui de Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), assurant avoir découvert ces faits dans la presse.

"L'Église a déjà manifesté sa honte à plusieurs reprises et je le refais aujourd'hui", a déclaré Mgr Marc Aillet, exprimant sa "solidarité avec les victimes", lors d'une conférence de presse organisée avec un représentant de la congrégation de Bétharram et le responsable de l'enseignement catholique du diocèse.

Cette conférence de presse a été perturbée par un militant des droits de l'enfant. Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv'Enfants, association de victimes de violences sexuelles, a accusé l'Église de "refuser d'ouvrir ses archives" et dénoncé les "mensonges" de l'institution sur son ignorance des violences physiques et sexuelles dans les établissements catholiques de la région.

Viols, agressions, humiliations des élèves: comment fonctionnait le "système Betharram"?
Viols, agressions, humiliations des élèves: comment fonctionnait le "système Betharram"?
3:52

"Tout le monde savait ici. (...) Arrêtez de nous dire que vous découvrez (...) Vous avez du sang sur les mains", a-t-il lancé le poing levé, ganté de blanc, debout sur l'estrade face aux représentants catholiques. Avant d'interpeller sur le cas de Henri Lamasse, un prêtre nonagénaire qui a reconnu un fait d'agression sexuelle prescrit dans le cadre de l'affaire Bétharram.

"Pourquoi Henri Lamasse est encore à Bétharram, proche des enfants? C'est une honte", a-t-il martelé.

Il "ne peut plus dire la messe publiquement"

L'évêque du diocèse de Bayonne a déclaré que le prêtre de 74 ans a été sanctionné à titre conservatoire par l'Église: il lui est désormais interdit de "dire la messe".

"Des mesures conservatoires ont été prises pour empêcher tout ministère, tout contact avec des enfants au père Lamasse, qui ne peut plus dire la messe publiquement", a déclaré devant la presse Mgr Marc Aillet au sujet du religieux mis en cause.

Le père Henri Lamasse, 94 ans, a été placé en garde à vue mi-février dans le cadre de l'enquête judiciaire puis remis en liberté sans être poursuivi en raison de la prescription des faits qui lui étaient reprochés, remontant à un demi-siècle.

Il était mis en cause par un ancien élève aujourd'hui âgé de 78 ans, Jean-Marie Delbos, qui avait porté plainte une première fois en 2010. La procédure avait déjà été classée pour prescription.

Le religieux, passé ensuite par le collège privé catholique Ozanam à Limoges, avant d'officier plusieurs années à Bethléem en Cisjordanie, vit aujourd'hui dans une maison de retraite de la congrégation religieuse à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), voisine de l'établissement scolaire au cœur du scandale.

Après ses aveux en garde à vue, parallèlement aux mesures conservatoires prises à son encontre, la congrégation des pères de Bétharram a pris attache avec le Dicastère pour la Doctrine de la Foi au Vatican. Une congrégation qui a pour mission de "promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique".

"Nous attendons leur réponse", a déclaré le père Laurent Bacho, responsable de la cellule d'écoute de la congrégation, aux côtés de l'évêque.

J.Bro avec AFP