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"Je me suis parfois senti très seul": Nemo, le vainqueur de l'Eurovision 2024 revient sur l'organisation du concours

L'artiste suisse non-binaire Nemo, qui a remporté l'Eurovision à Malmö en Suède le 11 mai 2024

L'artiste suisse non-binaire Nemo, qui a remporté l'Eurovision à Malmö en Suède le 11 mai 2024 - Tobias Schwarz

L'artiste, vainqueur de l'Eurovision en 2024, s'est confié sur l'ambiance "assez tendue" dans les coulisses du concours, en lien avec la guerre entre Israël et le Hamas, et dénonce un manque de soutien de la part des organisateurs.

Alors que l'Eurovision doit faire son retour en 2025 à Bâle, en Suisse, Nemo, vainqueur du concours musical en 2024, est revenu sur sa participation et sur l'organisation de l'événement.

Interrogé par la BBC, l'artiste suisse non-binaire décrit une ambiance "assez tendue" en coulisses entre certaines délégations au sujet de la participation controversée d'Israël à la compétition, en raison de l'offensive militaire du pays dans la bande de Gaza après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

"Il y a eu des situations qui font encore l'objet d'une enquête de la part de l'UER (l'Union Européenne de Radio-Télévisio, NDLR). (...) Ils nous ont dit qu'ils nous recontacteraient et ils ne l'ont pas encore fait. C'est dommage que l'UER prenne autant de temps", assure Nemo.

"Je me suis parfois senti très seul"

Nemo confie également avoir reçu des pressions pour appeler au boycott d'Israël à l'Eurovision et à l'annulation du concours. L'artiste estime que les organisateurs ne l'ont pas assez soutenu à l'époque face à ces tensions.

"Je me suis parfois senti très seul dans plusieurs situations, ou avec les autres artistes, et il leur fallait beaucoup de temps pour répondre aux artistes lorsqu'ils leur écrivaient", indique Nemo.

"J'espère vraiment que les organisateurs mettront en place des mesures l'année prochaine afin de s'assurer que chaque candidat soit prise en charge, en particulier sur le plan mental", poursuit l'artiste.

Et d'ajouter: "Car je me suis sentie seule et je sais que d'autres artistes ont ressenti la même chose."

Une édition 2024 sous tension

L'édition 2024 de l'Eurovision, à Malmö, a été particulièrement mouvementée notamment en raison du contexte géopolitique avec la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. La candidate israélienne, Eden Golan, a ainsi confié avoir reçu de nombreuses menaces de morts lors du concours.

Elle s'est aussi vu refuser par l'UER son titre prévu pour la compétition et avait fini par en modifier les paroles - qui faisaient référence à l'attaque du 7 octobre 2023, ce qui enfreint les règles de neutralité politique de l'Eurovision - afin de pouvoir participer au concours.

Tout au long de la compétition, plusieurs candidats ont également apporté leur soutien à la Palestine à l'instar du Suédois Eric Saade, qui s'est produit lors des demi-finales avec un keffieh palestinien enroulé autour de son poignet. Slimane, candidat pour la France, a quant à lui interrompu sa répétition générale pour prononcer un discours appelant à la paix.

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Enfin, le candidat néerlandais Joost Klein, presenti comme gagnant de cette édition, avait été exclu du concours juste avant la finale après un incident avec une femme membre de l'équipe de production, sans lien avec la participation controversée d'Israël. L'enquête depuis été close par la justice suédoise.

Mise en place d'un protocole de bonne conduite

Dans un communiqué, relayé par la BBC, l'UER a déclaré qu'elle serait "très attentive" aux expériences vécues par chacun des artistes lors du concours de l'Eurovision en 2024 à Bâle.

"Le processus de traitement interne des incidents individuels est en cours et nous sommes déterminés à faire en sorte que toutes les règles soient appliquées de manière équitable et cohérente", a déclaré l'UER.

En parallèle, une consultation indépendante a été demandée et a débouché sur des recommandations, dont l'élaboration d'un protocole sur le comportement à adopter à l'égard des participants au concours.

"Nous pensons que ces recommandations permettront de résoudre de nombreux problèmes survenus à Malmö et aideront chacun, quel que soit son rôle, à vivre une expérience positive et sûre lors du concours de l'Eurovision", conclut l'UER.

Carla Loridan