BFMTV
Cinéma

"J'aime mon pays mais je ne le reconnais plus", Angelina Jolie évoque la situation des Etats-Unis au festival de San Sebastián

Angelina Jolie au festival du film de San Sebastian, le 21 septembre 2025.

Angelina Jolie au festival du film de San Sebastian, le 21 septembre 2025. - JAVI JULIO / ANADOLU / Anadolu via AFP

L'actrice oscarisée s'est exprimée sur l'état des États-Unis lors de la conférence de presse de "Coutures" au Festival de San Sebastián, ce dimanche 21 septembre.

Au Festival de San Sebastián, Angelina Jolie n'a pas échappé aux questions sur les tensions après la mort de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk et la situation politique des États-Unis. Venue présenter Coutures, le nouveau film d'Alice Winocour en compétition officielle, l'actrice de 50 ans a été interrogée dimanche 21 septembre sur ses craintes en tant qu'artiste et Américaine.

"C'est une question très difficile, a-t-elle répondu, après une longue pause. J'aime mon pays, mais en ce moment, je ne le reconnais plus."

L'actrice engagée dans de nombreuses missions humanitaire dans le monde entier a poursuivi: "J'ai toujours vécu de manière internationale, ma famille est internationale, mes amis, ma vie... Ma vision du monde est égalitaire, unie et internationale. Tout ce qui divise ou limite les expressions personnelles et les libertés de quiconque, je pense que c'est très dangereux."

Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions et de censure aux États-Unis, notamment après la décision récente de Disney d'interrompre le talk-show de Jimmy Kimmel pour une durée indéterminée sur sa chaîne ABC. Ce dernier avait dénoncé la récupération politique de la mort de Charlie Kirk par le camp républicain.

Cette décision de Disney - critiquée comme une atteinte à la liberté d'expression - fait suite à l'annonce par Nexstar Media, l'un des plus grands propriétaires de chaînes de télévision américaines, de son intention d'interrompre la diffusion de l'émission suite aux propos tenus par l'animateur sur le meurtre du militant conservateur Charlie Kirk.

Un récit sur le désir

Le film Coutures, qui explore les vies de trois femmes pendant la Fashion Week parisienne, concourt à San Sebastián pour la Coquille d'Or. Angelina Jolie y incarne Maxine, une réalisatrice américaine qui découvre qu'elle a un cancer du sein. Un rôle qui résonne particulièrement avec son parcours personnel.

"J'ai perdu ma mère et ma grand-mère très jeunes, alors j'ai choisi de subir une double mastectomie il y a une dizaine d'années. C'était mon choix. Je ne dis pas que tout le monde devrait faire ainsi, mais il est important d'avoir le choix. Je ne le regrette pas. Toute personne ayant traversé cette épreuve se sent vulnérable et seule. Les cancers féminins ont quelque chose de particulier, car ils affectent notre façon de nous sentir en tant que femmes."

Accompagnée de son partenaire à l'écran Louis Garrel, Jolie a souligné l'importance du film dans sa façon d'aborder la sexualité après un diagnostic de cancer. "Il est important de vivre et d'être désirable en tant que femme, et pour ceux qui aiment les femmes, de le savoir", a-t-elle déclaré.

Louis Garrel a appuyé ce message avec franchise : "Généralement, quand on parle du cancer, surtout du cancer du sein, les films utilisent un ton pathétique. Et ce n'est pas pathétique du tout. C'est aussi lié au désir."

"J'ai beaucoup pensé à ma mère"

La conférence de presse a pris une tournure très émouvante lorsqu'un spectateur a remercié Angelina Jolie "de toujours parler de la Palestine et des personnes sans voix" et lui a demandé ce que sa mère, l'actrice et militante Marcheline Bertrand, aurait à dire à son personnage.

"C'est très difficile de parler de ma mère, a-t-elle commencé. J'ai porté son collier. J'ai aussi porté ses cendres. J'ai beaucoup pensé à elle. Je pense que tout le monde dans cette salle a déjà vécu une expérience à l'hôpital. Certains d'entre vous ont peut-être traversé des épreuves plus difficiles, encore."

Elle conclut en répondant que sa mère aurait dit à Maxine de "vivre chaque jour et se concentrer sur la vie".

Sophie Hienard