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"Atteinte à la liberté d'expression": les animateurs de late shows apportent leur soutien à Jimmy Kimmel

Seth Meyers et Jimmy Fallon sur le plateau de l'émission "Late Night With Jimmy Fallon" à New York, le 28 janvier 2014.

Seth Meyers et Jimmy Fallon sur le plateau de l'émission "Late Night With Jimmy Fallon" à New York, le 28 janvier 2014. - Jamie McCarthy / Getty Images via AFP

De Jimmy Fallon à Seth Meyers, de nombreux animateurs américains se sont mobilisés pour soutenir Jimmy Kimmel, suspendu de son émission par la chaîne ABC.

Le 18 septembre 2025, ABC a suspendu "pour une durée indéterminée" l'émission du présentateur américain Jimmy Kimmel à la suite de ses propos sur la mort de l'influenceur pro-Trump Charlie Kirk.

Cette décision a provoqué une onde de choc dans le monde de la télévision américaine, suscitant des réactions virulentes de la part de plusieurs animateurs de late shows, qui y voient une censure politique et une atteinte à la liberté d'expression de la part du gouvernement Trump.

Une suspension perçue comme une censure politique

Stephen Colbert, animateur du Late Show - qui a lui aussi a appris en juillet que son émission emblématique serait annulée par CBS à partir de 2026 - a vivement critiqué la décision d'ABC, qualifiant la suspension de Kimmel "d'atteinte flagrante à la liberté d'expression".

Dans le monologue d'introduction de son émission, il s'est notamment moqué de Disney, la société mère d'ABC, pour avoir cédé aux pressions de Brendan Carr, président de la FCC, gendarme des télécoms et de l'audiovisuel américains. Ce dernier, nommé par Donald Trump, a menacé de retirer la licence de la chaîne ABC en réaction aux propos de Jimmy Kimmel.

"Comme me l'a dit une source chez ABC, ils se sont fait dessus toute la journée", a-t-il plaisanté.

Jon Stewart, ancien animateur du Daily Show, a lui aussi publié une version satirique de son émission, intitulée "The Daily Show approuvé par Trump", afin de dénoncer l'ingérence gouvernementale dans les médias et la censure sous l'administration Trump.

Faisant référence au commentaire de Trump selon lequel "Kimmel n'est pas une personne talentueuse", l'animateur a ironisé, indiquant que le président américain possédait un appareil spécial permettant de mesurer lorsque "la gentillesse d'un artiste envers lui descendait en dessous d'un certain niveau".

Contrôle d'une "administration criminelle autoritaire"

L'animateur Seth Meyers a lui aussi ironisé, faisant mine de vouloir sauver sa place. Jouant la flagornerie, il a ainsi assuré avoir "toujours admiré et respecté Monsieur Trump".

"J'ai toujours pensé qu'il était un visionnaire, un innovateur, un grand président, et un super golfeur. Et si vous m'avez déjà entendu dire quoi que ce soit de négatif à son sujet, c'est juste l'IA", a-t-il ajouté.

Jimmy Fallon a quant à lui exprimé sa solidarité envers Jimmy Kimmel, soulignant son caractère et son professionnalisme. Il a également dégainé dans son Tonight Show un sketch moquant la censure du gouvernement Trump. "Beaucoup de gens s'inquiètent qu'on ne puisse plus dire ce qu'on veut sans être censuré", a-t-il lancé. "Je vais couvrir le voyage de Trump au Royaume-Uni, comme je le ferais normalement", a-t-il poursuivi, sous les applaudissements. "Le président Trump a achevé son voyage de 3 jours au Royaume-Uni", commence-t-il et il "avait l'air absolument magnifique", poursuit une voix qui couvre manifestement la sienne.

David Letterman, ancien animateur du Late Show, s'est, lui, désolé de l'éviction du présentateur, une décision qui s'inscrit selon lui dans une tendance inquiétante de contrôle médiatique d'une "administration criminelle autoritaire".

Appels au boycott de Disney

D'après The Guardian, l'affaire a également suscité des réactions au-delà du monde de la télévision. Sur les réseaux sociaux, des personnalités politiques, des journalistes et des militants ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme une censure politique et ont appelé au boycott de Disney et des chaînes Nexstar et Sinclair.

Si selon le journal britannique, des discussions sont en cours pour rétablir à l'antenne l'émission Jimmy Kimmel Live!, cette situation met en lumière les tensions croissantes entre la liberté d'expression et les pressions politiques exercées sur les médias américains.

Car depuis son retour au pouvoir, Donald Trump multiplie les attaques contre la presse, en restreignant les accès à la Maison Blanche aux journalistes ou avec des procédures judiciaires réclamant des sommes astronomiques. En début de semaine, le milliardaire républicain a ainsi annoncé poursuivre le New York Times en diffamation, en exigeant 15 milliards de dollars de dommages et intérêts.

Carla Loridan