"C’est la vie": la revanche de Nicolas Maury, le garçon chiffon de "Dix pour cent"

Nicolas Maury dans le film "C'est la vie" - UGC
2020 aurait dû être l’année de la consécration pour Nicolas Maury. Comme son personnage de Hervé qui bat enfin de ses propres ailes dans la dernière saison Dix pour cent en devenant acteur, le comédien avait prévu de sortir Garçon Chiffon, sa première réalisation, très bien accueillie par la presse et sélectionnée au festival de Cannes.
Son film, sorti le 28 octobre 2020, la veille du second confinement, n’a pu rencontrer son public que très brièvement. Nicolas Maury a malgré tout pu le ressortir et le défendre dans les salles en partant à la rencontre du public. Une abnégation qui caractérise bien ce comédien souvent associé à des rôles de grands timides (Dix pour cent) ou d’hommes à la répartie cinglante (Les Rencontres d'après minuit).
Un personnage trop sérieux pour ne pas être ridicule
Il revient ce mercredi 28 juillet à l’affiche avec C’est la vie, une comédie chorale signée Julien Rambaldi, sur un service obstétrique. Nicolas Maury y incarne Antoine, un jeune obstétricien prétentieux et stressé, mais trop sérieux pour ne pas être ridicule, loin des personnages blasés qu’il interprète souvent.
"Ce qui m’a attiré dans ce rôle, ce n’est pas tellement d’avoir voulu faire autre chose, ça c’est la base continue de mon métier, qui est de ne pas reproduire la même recette et ne de ne surtout pas être conscient de mon image. Un acteur doit se désemployer lui-même. Là, ce qui me tenait à cœur, c’était de jouer un métier", analyse Nicolas Maury, avant d’ajouter:
"J’ai préparé d’une manière très studieuse ce personnage. J’ai rencontré une cheffe obstétricienne à l'hôpital public de Saint-Denis et un chef obstétricien dans une clinique privée. Je voulais voir les deux pôles. Je joue une personne très sûre d’elle, sans empathie, parce qu’il croit que c’est ça le corps médical. Il sort d’années d’internat et il croit qu’il va commander tout le monde et puis la vie est un peu plus forte que lui. J’ai beaucoup aimé le chemin de ce jeune homme particulier. C’était intéressant de jouer cet effondrement des certitudes."
C’est la vie, le Dix pour cent des obstétriciens
Comédie chorale, C’est la vie est comme Dix pour cent une œuvre feel good. "Oui… dans les deux cas, il faut être le plus sincère possible et apporter du baume au cœur." Il se sent à l’aise dans ce genre de fiction qui fonctionne sur le principe de la troupe: "C’est intéressant de jouer sa partie au moment où il faut pour faire avancer la fiction."
"Je viens du théâtre public et j’ai toujours appris que l’on ne joue pas tout seul", précise-t-il encore. "Ça aide beaucoup quand on va au cinéma après. C’est vrai que dans les projets auxquels j’ai pu participer j’adore ce sentiment de recréer des troupes, des compagnies. Le parallèle entre C’est la vie et Dix pour cent est assez juste. Il s'agit dans les deux cas de comédie du travail. L'un est dans une maternité, l’autre dans un bureau d’agents artistiques. En fait, il y a une gourmandise de la part des scénaristes et des réalisateurs à faire se rencontrer plein de personnages hétérogènes."
Nicolas Maury fait partie de ces acteurs qui jouent intensément chacun de leurs rôles, sans second degré: "Moi, tout ce que je joue, je ne le joue jamais ironiquement. Vous disiez que j’ai joué des personnes blasées. Même si c’est quelqu’un de blasé, je le joue vraiment, je n’aime pas mettre de l’écart entre ce que je joue et moi."
Un personnage cruel dans Les Tuche 3
Entre la timidité de Hervé dans Dix pour Cent, la jalousie de Jérémie dans Garçon Chiffon et l’arrogance d’Antoine dans C’est la vie, Nicolas Maury s’affirme dans trois registres de comédie bien différents, entre cinéma d’auteur et cinéma populaire. Le grand écart ne lui fait pas peur: il a commencé en 2005 dans Les Amants réguliers de Philippe Garrel et a tourné dans Les Beaux gosses et Les Tuche 3.
"Mon parcours, j'y réfléchis, bien sûr, mais pas dans ces termes-là. Je crois qu’il est de plus en plus absurde de faire le distinguo entre ce qui serait pour tel public ou tel public. Je pense que la noblesse d’un acteur, ce n’est pas de dire oui à tout va, mais d’avoir cette souplesse-là, de rentrer dans des mondes et des inconscients très différents. Un acteur est la somme de tous ses rôles, qui parlent de lui. J’adore surprendre en étant dans un film où on ne m’attend pas."
Son apparition dans Les Tuche 3, un des plus grands succès du cinéma français contemporain, a pu surprendre. Il incarne Barna Bé, jeune homme opportuniste qui séduit Stéphanie Tuche afin d’écrire un livre discréditant la famille Tuche. Un personnage cruel, comme il a rarement l'occasion d'en jouer: "J’adore les personnages rigides, raides, très en contrôle en apparence. Je peux jouer ça. J’ai encore plein de personnes en moi!"