"Ils devraient se méfier": comment six auteurs de BD ont infiltré la présidentielle

Six dessinateurs dont Mathieu Sapin se sont immiscés dans les coulisses de l'élection. Ils racontent l'expérience sur BFMTV et dans un livre à paraître en mai.

Six auteurs de BD dont Mathieu Sapin ont suivi les candidats à l'élection présidentielle. Le résultat de leur enquête sera publié le 13 mai prochain, après le second tour, dans Carnets de campagne, coédité par Dargaud et le Seuil. Ce projet ambitieux de 240 pages réunit un collectif d'auteurs a priori disparate.

Lara, dessinateur du Canard Enchaîné, a suivi Jean-Luc Mélenchon de La France insoumise. Morgan Navarro a été chargé des deux candidats d'extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour, tandis que Louison a été affectée à la socialiste Anne Hidalgo, Dorothée de Monfreid à l'écologiste Yannick Jadot et Kokopello à Valérie Pécresse des Républicains.

Ne pas pertuber les candidats

Emmanuel Macron a enfin été attribué à Mathieu Sapin, habitué du genre après avoir suivi deux présidents, François Hollande dans Le Château: une année dans les coulisses de l'Élysée (2015) et Emmanuel Macron dans Comédie française: voyages dans l'antichambre du pouvoir (2020).

"L'idée n'est pas de perturber [les] candidat[s] en [leur] posant plein de questions", confie à BFMTV Kokopello. "L'idée, c'est vraiment de [les] laisser évoluer dans [leur] milieu naturel, dans [leur] écosystème, et de croquer tout ça. Si on peut devenir des plantes vertes, on devient des plantes vertes!"

Dessiner Zemmour, un défi

Croquer les candidats peut être difficile, selon Morgan Navarro, qui a eu la lourde tâche de devoir dessiner Eric Zemmour: "On peut facilement glisser vers de la caricature trop forte. Il faut trouver autre chose que ça: une expression, un truc... J'ai commencé par les yeux bleus, il faut faire ses gros sourcils, les joues creuses..."

Ce projet atypique a séduit les candidats. "Le dessin rassure, il y a un côté sympathique dans le dessin", confirme Mathieu Sapin, avant de conclure sur une pointe d'ironie: "Ils devraient se méfier, car on peut raconter des choses bien plus pointues qu'avec d'autres médias!"

Jérôme Lachasse avec Nicolas Béhar