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Paris Île-de-France

"Vous n'aimez vraiment pas cette ville": échange tendu entre Hidalgo et Dati au conseil de Paris

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En pleine séance du Conseil de Paris, Rachida Dati a formulé une longue liste de reproches adressés à Anne Hidalgo et sa majorité à propos de leur gestion municipale. La maire de Paris a en retour questionné l'attachement de la ministre à la capitale, l'accusant de dépeindre la ville comme un "enfer sur Terre".

Le retour des meilleures ennemies du Conseil de Paris. La maire de la capitale Anne Hidalgo et la conseillère municipale d'opposition et ministre de la Culture Rachida Dati (groupe de droite Changer Paris) ont une nouvelle fois proposé une intense passe d'armes en séance, ce mercredi 9 octobre.

Tout est parti d'une demande formulée par Anne Hidalgo concernant une affaire d'attribution de bureaux. Le groupe Changer Paris est en effet sommé depuis quelques jours de quitter les bureaux qui lui ont été attribués au profit du jeune groupe d'opposition Union Capitale, lui aussi de droite, qui a bénéficié de ralliements lui permettant de devenir le premier groupe d'opposition.

"Je n'échange pas des convictions contre un bureau"

La coutume veut que le groupe d'opposition le plus important bénéficie des bureaux historiques dans l'Hôtel de villle, actuellement occupés par les élus Changer Paris. Mais jusqu'ici, ces derniers refusent de déménager. Anne Hidalgo a donc une nouvelle fois formulé cette demande ce mercredi matin en Conseil de Paris.

Mais cette demande publique a provoqué l'agacement de Rachida Dati, qui lui a répondu avec vigueur: "Vous pourrez nous faire changer de locaux. Malheureusement pour vous, je serais toujours là. Ça ne changera rien. Le changement de bureau ne change pas ma présence. Je le regrette pour vous. Je n'échange pas des convictions contre un bureau".

Et la conseillère de Paris d'entamer ensuite un inventaire à la Prévert des toutes les critiques qu'elle adresse régulièrement à la maire et à sa majorité quant à la gestion de la capitale: la bétonnisation de la ville, les difficultés d'accès au logement, "l'anarchie sur les trottoirs", les problèmes de garde d'enfants, "la saleté", la fermeture de classes ou encore l'insécurité.

"Madame la maire, on ne vous a pas beaucoup entendu sur les agressions sexuelles et les femmes violées sur le Champ-de-Mars ou sur l'assassinat de la jeune Philippine", une étudiante de 19 ans dont le corps a été découvert au bois de Boulogne, a lancé Rachida Dati.

"Il fallait être là ce matin, Madame Dati", a alors rétroqué Anne Hidalgo, en référence à la minute de silence organisée pour Philippine en ouverture du Conseil de Paris ce mercredi.

"Vous faites campagne sur les problèmes"

La maire de Paris est ensuite revenue sur la liste des critiques formulées par la conseillère d'opposition, l'accusant de décrire la capitale comme un "enfer sur Terre". "Madame Dati, en vous écoutant, il me vient une phrase que Kamala Harris a dite à Monsieur Trump. Elle lui a dit 'Vous vous faites campagne sur les problèmes et nous on résout les problèmes'".

"Vous n'êtes pas tout à fait en situation de porter les ambitions de Paris, parce que je crois que vous n'aimez vraiment pas cette ville. Et vous n'aimez pas cette façon très ouverte et inclusive que nous portons dans cette ville qui fait aujourd'hui l'admiration du monde entier", a encore accusé Anne Hidalgo.

"Je vous invite à vous inspirer d'autres figures que de Trump. Et je vous invite à libérer vos bureaux", a finalement asséné l'édile.

La séance du Conseil de Paris, qui est en cours actuellement, s'est ouvert mardi et doit prendre fin vendredi.

Nicolas Dumas et Glenn Gillet