Municipales à Paris: Emmanuel Grégoire a prévenu Anne Hidalgo de sa candidature, qui n'a "pas répondu"

Emmanuel Grégoire à l'Assemblée nationale à Paris, le 1er juillet 2024 - Bertrand GUAY © 2019 AFP
L'échéance est dans un an et demi. Mais il se dit "prêt". Quatre mois seulement après avoir fait son entrée au palais Bourbon, le député du 12e arrondissement de Paris, ancien premier adjoint d'Anne Hidalgo à l'hôtel de ville, Emmanuel Grégoire est désormais candidat à l'élection municipale de 2026.
Après l'avoir annoncé dans les colonnes du Parisien, il l'a répété sur Franceinfo ce mardi 19 novembre au matin. "Oui, j'ai décidé d'être candidat pour être maire de Paris. J'aime passionnément cette ville, c'est mon engagement de cœur et de vie depuis 25 ans", martèle l'élu. Dans la foulée, il a lancé son site de campagne, avec un slogan: "Paris pour vous, avec vous".
Une annonce faite alors même qu'Anne Hidalgo ne s'est pas encore prononcée sur son avenir politique à Paris. Après deux mandats à la tête de la capitale, la maire socialiste laisse planer le doute sur une possible troisième candidature.
"Anne Hidalgo à plusieurs fois dit qu'elle ne souhaitait pas faire de troisième mandat, elle l'a dit publiquement et à moi", écarte d'un revers de main ce mardi Emmanuel Grégoire. A-t-elle été prévenue de cette candidature rendue publique? "Oui je l'ai prévenue", souffle l'ex-premier adjoint. A-t-elle donné suite au message? "Elle n'a pas réagi directement, elle n'a pas répondu, mais je l'en ai informée", confesse-t-il.
Si Emmanuel Grégoire et Anne Hidalgo ont été très proches, les liens se sont disloqués dernièrement. La raison principale: les élections législatives et la candidature de l'intéressé dans son 12e arrondissement. Une sorte de pied de nez à l'édile, puisque la circonscription -la 7e- était convoitée par sa protégée, Lamia El Aaraje.
"Le maire de la réconciliation"
Avec sa candidature à la succession de la candidate socialiste à la dernière présidentielle, celui qui a été chef de cabinet de Bertrand Delanoe, adjoint d'Anne Hidalgo puis premier adjoint, souhaite devenir le "maire de la réconciliation".
"Je sais ce que je peux apporter aux Parisiennes et Parisiens. Il faut poursuivre la transformation de la ville, réconcilier les Parisiennes et les Parisiens", explique-t-il au micro de France Info.
Selon lui aujourd'hui, dans la capitale, "on observe des fractures entre les Parisiens, entre Paris et la petite-couronne, entre les automobilistes et vélos", énumère Emmanuel Grégoire.
Aujourd'hui, après deux mandats de la maire de Paris, Emmanuel Grégoire croit que les Parisiens ont "une attente de renouvellement" à laquelle il "souhaite répondre."
"Le moment est venu de porter une nouvelle histoire pour Paris, avec de nouvelles propositions et un nouveau projet que je veux construire collectivement", lance-t-il. "Je suis différent, je veux porter un projet qui soit nouveau, inspiré par de nouveaux thèmes et la conquête de nouveaux droits. Je vais m'y atteler, sans jamais critiquer mon aventure aux côtés d'Anne Hidalgo"
Rémi Féraud poussé par Anne Hidalgo
Mais au sein du PS parisien, la question de la succession se pose de plus en plus. Début novembre, Anne Hidalgo a déjeuné avec sa garde rapprochée. Lors de ce dernier, elle a accordé sa préférence pour le sénateur Rémi Féraud.
Lamia El Araaje, cheffe du PS dans la capitale, est aussi envisagée. "Elle y réfléchit", assure une source à BFM Paris Île-de-France. "Une hypothèse qui a existé au milieu d'autres hypothèses", confirme-t-on dans les couloirs de l'Hôtel de ville.
Alors que son nom n'est pas cité, Emmanuel Grégoire précise. "Je n'en sais rien, ce n'est pas un héritage d'être maire de Paris, ni une rente de situation", explique-t-il. Après son annonce, il entend "soumettre au choix" sa candidature dans une sorte de "primaire" qui n'en est pas une. "C'est un dispositif interne qui donne de la légitimité", précise l'élu.
Emmanuel Grégoire veut se présenter comme un "candidat du rassemblement de la gauche". "Il y a depuis plusieurs années une majorité municipale, dont je suis fier, que je connais bien, entre Communistes, Écologistes et je souhaite poursuivre cela", admet-il.
Une majorité sans les Insoumis
Mais il écarte un autre parti, mur porteur du Nouveau Front populaire, étiquette sous laquelle il s'est présenté aux législatives: La France insoumise.
"Je ne souhaite pas que cette alliance aille jusqu'à Jean-Luc Mélanchon et ses amis, qui se déclarent eux même dans l'opposition municipale", martèle Emmanuel Grégoire, qui évoque aussi les prises de position lors de l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Pour lui, "si on veut que Paris reste à gauche" il faut convaincre les habitants. "C'est le rassemblement que nous incarnerons qui le permettra."
Qu'est en-t-il aussi des alliés qu'il a connu lors des deux mandats d'Anne Hidalgo? Ian Brossat, sénateur Communiste, n'a pas exclu l'hypothèse d'une candidature. "Je ne dirais pas que c'est mon ambition. Mais, pour moi, le plus beau mandat, pour l'avoir observé de près, je dirais que c'est maire de Paris", expliquait-il sur la chaîne YouTube Les Indécis.
Après ses mots, il a reçu un appel d'Emmanuel Gégoire. "J'ai déjà appelé Ian Brossat", souffle-t-il à Franceinfo, sans dévoiler le contenu de la discussion.
Attal, un futur concurrent?
Dimanche, un sondage Ipsos réalisé pour le Parisien, qui n'est pas un sondage d'intentions de vote, a lancé une piste pour la place de maire de Paris. Celle de Gabriel Attal, ex-Premier ministre désormais député des Hauts-de-Seine. Pour 42% des sondés, l'ancien Premier ministre macroniste ferait un bon maire, un meilleur score que Rachida Dati (39%) et également loin devant Anne Hidalgo (28%).
Pour Emmanuel Grégoire, ce sondage n'est pas un sujet. "Ce n'est pas un sondage d'intention de vote mais, si je dois reconnaître que Gabriel Attal est bien connu que moi pour le moment, j'en conviens", précise l'élu.
Selon lui, l'ancien Premier ministre, ancien Socialiste, a mené une "politique de droite" lors de son passage à la tête du gouvernement. "Je n'ai pas a m'immiscer dans le choix que fera la droite pour son candidat", appuie-t-il. Quel que soit le casting du camp d'en face, ce sera celui d'une droite conservatrice qui menace les classes populaires et moyennes."
Clément Beaune tacle le nouveau député
Après l'annonce de sa candidature, plusieurs personnalités politiques parisiennes ont réagi. Parmi elles, un futur soutien du candidat: Karim Ziady, conseiller municipal délégué au Sport du 17e arrondissement.
"Nous savons qu’il est prêt et qu’il a réfléchi au futur de notre ville. Il aura tout mon soutien pour les campagnes à venir dans le 17e", a-t-il écrit dans un post sur X.
Clément Beaune, ancien ministre et candidat à la députation à Paris, battu par Emmanuel Grégoire, s'est aussi penché sur sa candidature. "Courir après un nouveau mandat 3 mois après en avoir commencé un. Sacré respect du Parlement et des Parisiens", a-t-il lancé sur X.
Le Modem de Paris lui, a évoqué le bilan de la mairie de Paris des dix dernières années. "Pas sûr que celui qui a largement contribué à la division depuis 10 ans soit le plus à même d'incarner cette réconciliation dont les Parisiens ont tant besoin...", a écrit le parti.