Évacuation de migrants à Paris: Hidalgo dénonce "un usage de la force disproportionné et brutal"

Au lendemain de l'évacuation violente par la police de 500 migrants sur la place de la République, à Paris, la maire Anne Hidalgo a envoyé une lettre au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour lui faire part de sa "ferme condamnation" et "lui demander des explications".
"Les élus de la Ville de Paris et des parlementaires ont constaté, une nouvelle fois, un usage de la force disproportionné et brutal, attesté par la multiplicité des images qui ont été prises. Cet épisode inadmissible n'est pas sans précédent", a dénoncé l'édile dans sa lettre.
"Je ne peux qu'exprimer mon incompréhension et ma vive préoccupation à se voir multiplier les interventions de ce type, qui nuisent à l'image de notre police nationale et à sa relation de confiance avec les habitants", a poursuivi Anne Hidalgo. "Cette façon de procéder, que je condamne très fermement, conduit à une précarisation accrue des réfugiés.
De son côté, Gérald Darmanin, à qui s'adresse cette lettre, a annoncé ce mardi la saisine de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui devra "remettre ses conclusions sous 48 heures". Elle seront ensuite rendus "publiques", a assuré le minsitre.
"On ne démantèle que s'il y a une solution d'hébergement"
La maire a également rappelé un "protocole" qui prévaut lors de l'évacuation de camps, rappelant que les migrants provenaient d'un camp évacué la semaine dernière en Seine-St-Denis.
"On ne démantèle que s'il y a une solution d'hébergement", a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse de l'Association des maires de France (AMF), déplorant qu'il "n'y ait pas eu de réponse à la hauteur de la part de l'Etat dont c'est la compétence et la responsabilité".
"Cette situation n'est pas acceptable et j'ai écrit ce matin, et j'espère avoir une réponse à la hauteur de l'émotion que cela a suscité", a-t-elle regretté.
La loi "Sécurité globale" en question
L'édile a également exprimé son inquiétude à propos de la loi "Sécurité globale", en particulier son article 24, qui doit être soumise au vote dans l'après-midi à l'Assemblée nationale.
"Par rapport à ce fameux article 24, il faut que l'on regarde vraiment de très près ce que cela produit", a affirmé la maire de Paris à propos de cet article qui pénalise la diffusion malveillante d'images de policiers.
"Je dis attention: ce qui s'est passé hier, si je le mets en perspective du vote de l'article 24 de la loi sur la sécurité globale, cela veut dire qu'il y a un problème démocratique à l'arrivée", a-t-elle prévenu, appelant à "l'anticiper". "J'espère d'ailleurs, si cet article est voté, que le Conseil constitutionnel s'en saisira et dira ce qu'il a à dire sur la question de nos libertés", a-t-elle ajouté.