BFMTV
Paris Île-de-France

Déchets à Paris: pourquoi le retour à la normale risque de prendre du temps malgré la réquisition d'agents

Des poubelles qui s'amoncellent à Paris

Des poubelles qui s'amoncellent à Paris - RMC

Si le préfet de police a demandé la réquisition d'agents pour assurer la collecte des déchets, les éboueurs réfléchissent déjà à des moyens de poursuivre leur mouvement.

La situation n'est pas encore débloquée. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a annoncé la réquisition d'éboueurs pour déblayer les rues de Paris, contraignant Anne Hidalgo à lui transmettre la liste des 4000 agents de propreté des services de la ville.

Mais malgré cette réquisition, un retour à la normale dans les rues de Paris pourrait prendre du temps.

D'autres moyens de poursuivre le mouvement

La maire de Paris avait dans un premier temps refusé la requête du gouvernement, qui lui demandait de réquisitionner elle-même du personnel afin de collecter les poubelles dans la capitale, désormais entassée sous plus de 9400 tonnes de déchets.

L'entourage de l'élue avait déclaré mercredi que la municipalité "n'a pas le pouvoir" de réquisitionner des agents, Anne Hidalgo appelant elle-même sur Twitter à privilégier "le dialogue social" plutôt que "l'épreuve de force".

Si Anne Hidalgo a malgré tout transmis la liste des agents qui peuvent être réquisitionnés à la préfecture de police, ces derniers ne comptent pas abandonner leur mouvement sans rien dire.

Les agents réquisitionnés seront bien contraints de reprendre la collecte des déchets, mais ils réfléchissent déjà à des moyens de poursuivre leur mouvement.

"Nous, la réquisition, ça ne nous inquiète pas, cela ne nous fait pas peur", avait expliqué Thierry Delépine, secrétaire général adjoint de la CGT SPPTE-RP, sur le plateau de BFM Paris Île-de-France ce mercredi.

Une source syndicale indique à BFMTV ce jeudi que les agents pourraient choisir de ralentir l'entrée des camions-poubelle sur les sites des dépôts.

Les incinérateurs toujours à l'arrêt

Mercredi matin, le secrétaire général de la CFTD Laurent Berger avait réagi sur BFMTV-RMC à la réquisition alors envisagée. "Vous faites comment pour réquisitionner les gens? Vous allez les chercher un par un?" a-t-il déclaré, précisant qu'il faudrait "3000" agents pour ramasser les déchets dans Paris, "et ils ne sont pas dans le 16e, ils sont en banlieue".

Mais la réquisition d'agents seule ne suffirait pas à soulager la capitale des tonnes de déchets qui jonchent les rues. Trois incinérateurs du Sytcom, le service public de traitement et de valorisation des déchets, sont à l'arrêt depuis une dizaine de jours: ceux d'Issy-les-Moulineaux, Ivry-sur-Seine et Saint-Ouen.

La préfecture de police pourrait également réquisitionner ces sites d'incinération, mais selon les informations de BFMTV, aucune demande dans ce sens n'a été faite par le Sytcom.

D'autant plus que le brûlage des déchets ne reprendra pas immédiatement après une réquisition, expliquent les syndicats. Dans le cas de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, il faudrait au minimum 48 heures pour remettre le site en route. Un site qui peut normalement brûler jusqu'à 2400 tonnes de déchets par jour.

Ce jeudi matin, les forces de l'ordre ont toutefois débloqué le dépôt de Vitry-sur-Seine, où manifestaient des éboueurs soutenus par des élus franciliens. Ces derniers ont par ailleurs dénoncé la violence utilisée lors de cette intervention, où des manifestants et élus présents ont été gazés de lacrymogène.

"Honte à ce pouvoir qui ne tient que par la violence et la brutalité", déclare sur les réseaux sociaux Clémence Guetté, députée LFI du Val-de-Marne.

Dans un tweet, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "un coup de force violent et autoritaire contre le dépôt des éboueurs à Vitry", rapporte l'AFP. L'eurodéputée Manon Aubry et les responsables syndicaux sur place ont signalé qu'une réunion devait avoir lieu dans l'après-midi pour "décider de l'action à suivre".

Clémence Dibout avec Laurène Rocheteau