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Déchets à Paris: le bras-de-fer continue entre Darmanin et Hidalgo sur la réquisition des éboueurs

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Anne Hidalgo et Gérald Darmanin se renvoient la balle depuis ce mardi. L'État veut que la mairie réquisitionne les éboueurs afin d'enlever les tonnes de déchets dans les rues, ce que la mairie refuse.

Après plus d'une semaine de grèves des éboueurs à Paris, les tensions montent entre la municipalité et l'État. Ce mardi, Gérald Darmanin avait donné l'instruction au préfet de police de Paris de demander à Anne Hidalgo de réquisitionner le personnel gréviste et débloquer ainsi la situation dans les arrondissements jonchés de détritus.

"L'État se substituera"

La maire de Paris a répondu ne pas "avoir le pouvoir" de réquisitionner les éboueurs en grève contre la réforme des retraites et "ne compte pas demander" à l'État d'agir en ce sens.

"Gérald Darmanin a informé la maire de son intention de lever les blocages et de réquisitionner les grévistes, sachant que la ville n'a pas le pouvoir de le faire", a répondu également l'entourage de l'élue socialiste ce mercredi matin.

Ce mercredi matin, le Préfet de police de Paris va envoyer un courrier à la maire de Paris. Si la mairie ne donne pas suite, "l'État se substituera et réquisitionnera" pour évacuer les poubelles dans les arrondissements concernés, indique l'entourage du ministre de l'Intérieur à BFMTV.

Selon nos informations, Gérald Darmanin laisse jusqu'à ce soir à Anne Hidalgo pour réquisitionner les éboueurs, avant une action de l'État.

De son côté, Anne Hidalgo appelle à favoriser le dialogue social, comme elle l'explique sur Twitter. "La négociation" plutôt que "l'épreuve de force".

Elle appelle le gouvernement à retirer sa loi "qui maltraite les travailleurs qui exercent des métiers d'utilité sociale absolue", avant de conclure en réaffirmant son "soutien au mouvement social".

"Que l'État assume ses responsabilités"

Dans un courrier mardi, la préfecture de police souligne pourtant, se basant sur le Code général des collectivités territoriales, que "la mairie détient la police de la salubrité sur la voie publique".

"À ce titre, il est de sa compétence de requérir une entreprise privée ou de réquisitionner les agents pour l'exécution de la mission d'enlèvement des poubelles et ordures", ajoute la préfecture qui peut "dans un second temps" mettre en demeure la ville de le faire.

Si cette procédure "reste infructueuse, le préfet de police peut se substituer" à la mairie, "en cas d'urgence lorsque l'atteinte constatée ou prévisible au bon ordre, à la salubrité, à la sécurité publique l'exige", ajoute la préfecture.

L'évaluation de la situation en matière de salubrité et de santé publiques revient à l'Agence régionale de santé (ARS), "service de l'État compétent en la matière", indique encore la préfecture.

"Que l'État assume ses responsabilités", avait dit mardi le premier adjoint (PS) Emmanuel Grégoire, selon lequel le gouvernement "crée une crise sociale et exige des collectivités territoriales de demander une réquisition".

"Demandent-ils à tous les maires de réquisitionner? À Édouard Philippe?", ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron et maire du Havre, ville également touchée par la grève des éboueurs, avait-il relevé pour souligner le caractère politique du bras de fer.

Dans la capitale, ce sont ce mardi plus de 6600 tonnes de déchets qui se sont accumulés dans les rues des arrondissements touchés par la grève.

Thomas Soulié avec AFP et J. M. A.