Crack à Paris: trois semaines après le déplacement des toxicomanes, la situation au point mort

La question du crack s'est de nouveau invitée au Conseil de Paris ce mercredi. Trois semaines après le déplacement des toxicomanes vers la porte de la Villette, le préfet de police et la maire de Paris se sont livrés à un nouvel échange sans véritable issue sur la question.
Aux côtés d'Anne Hidalgo à la tribune du Conseil de Paris, le préfet de police a tenu à défendre l'action de l'Etat, énumérant le bilan policier depuis le début de l'année concernant le crack. D'après le préfet, 284 personnes ont été interpellées pour track de crack et 328 pour usage.
"Je considère que l'action en matière de lutte contre le crack est tout à fait au niveau", a indiqué Didier Lallement, reconnaissant néanmoins "qu'elle pourrait bien sûr être supérieure" mais qu'une action "médicale et sociale" est aussi nécessaire.
"Je trouve scandaleux que la seule réponse des pouvoirs publics soit le déplacement du problème (...) je pense et je le redis, que sur la question qui relève plutôt de la compétence du ministre de l'Intérieur, là il faut mettre les bouchés doubles" a déploré Anne Hidalgo.
Principal point de crispation, l'ouverture de lieux de prise en charge et de soins des toxicomanes. Une ouverture validée par le gouvernement, mais restent à savoir où. A ce sujet, préfecture et mairie se renvoient inlassablement la balle.
"Déposez des dossiers (...). Je souhaiterais que l'Etat reçoive des propositions, qu'il n'a pas à ce jour reçu de façon formelle. En fonction de tout ça, nous pourrons travailler ensemble", a lancé le préfet à l'adresse de la maire de Paris. Une invective à laquelle Anne Hidalgo a répliqué:
"La loi est très claire, c'est l'Etat qui doit normalement faire des propositions. On lui en a faite, sauf qu'il ne va pas au bout de ces propositions".
Manifestation près des lieux de pouvoir
Au même moment derrière les Invalides, une centaine de riverains s'est rassemblée à nouveau pour dénoncer la mauvaise gestion des toxicomanes par les autorités. Ils déplorent un manque de décision politique.
"Pour que la situation soit pérenne, il faut un dispositif sur le long terme et ça doit passer par la création de centre de désintoxication" explique un riverain. "On joue trop au ping-pong entre l'Etat et la municipalité. ça c'est stop, les riverains n'en peuvent plus de ce jeu" se désespère une habitante.
Des élus étaient également présents comme le maire de Pantin et la maire d’Aubervilliers. Cette dernière est revenue sur le mur construit entre la porte de la Villette et Pantin.
"Nous on se bagarre pour désenclaver nos territoires et voir un mur, c'est extrêmement violent" indique Karine Franclet au micro de BFMTV.
"Il y avait un habitant qui disait très justement, "on est capable d'organiser des JO en quelques années et là en quelques semaines on n'est pas capable de créer une structure?" Je n'y crois pas" assure l'élue.
Dans une lettre ouverte, 36 élus de Seine-Saint-Denis avaient critiqué fin septembre le choix d'avoir déplacé les toxicomanes à la porte de la Villette, au mépris de la population du département déjà touchée par la pauvreté. Sur Twitter, la maire d'Aubervilliers a indiqué attendre "toujours une réponse" aux sollicitations.
Une lettre pour Jean Castex
Les manifestants se sont ensuite dirigé vers Matignon pour tenter de remettre une lettre de revendication signée par les habitants au Premier ministre, mais à quelques mètres de leur but ils ont été arrêtés par un barrage policier.
Les élus ont donc remis la lettre à un gendarme, sous les applaudissements. Une lettre qui devait être transmise au chef de cabinet de Jean Castex.