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Mayotte: après "les avoir soigné", le ministre des Outre-mer veut "faire rentrer" les sans-papiers aux Comores

François-Noël Buffet à Fort-de-France le 12 novembre 2024

François-Noël Buffet à Fort-de-France le 12 novembre 2024 - JULIEN DE ROSA / AFP

Dix jours après le cyclone Chido qui a dévasté Mayotte, François-Noël Buffet juge que "traiter de l'avenir de Mayotte sans parler d'immigration n'est pas possible". Le ministre des Outre-mer se veut également très rassurant sur l'approvisionnement en eau, loin de certains témoignagnes de Mahorais.

Dix jours après le cyclone Chido qui a dévasté Mayotte et causé le décès d'au moins 35 personnes, le ministre démissionnaire des Outre-mer remet le sujet de la politique migratoire sur la table, cela en pleine journée de deuil national pour les victimes de la catastrophe.

"Il faut soigner tout le monde, alimenter tout le monde. Et pour ceux en situation irrégulière, il faudra qu'ils rentrent", juge François-Noël Buffet ce lundi 23 décembre sur France 2.

"Traiter de l'avenir de Mayotte, sans parler d'immigration n'est pas possible", avance encore cet ex sénateur LR.

Le ministre des Outre-mer se met au diapason de son collègue de l'Intérieur Bruno Retailleau, dont il est très proche. Le locataire de la place Beauvau avait estimé qu'on "ne pourra plus faire comme avant" en matière d'immigration à Mayotte promet notamment d'être "beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores", suscitant une vive polémique à gauche.

Macron veut "renforer la lutte contre l'immigration clandestine"

Le cyclone le plus dévastateur qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a détruit le 14 décembre la totalité de l'habitat précaire et causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France. Depuis, des denrées alimentaires à l'électricité, tout manque à Mayotte.

Lors d'un déplacement très houleux sur l'archipel jeudi et vendredi dernier, Emmanuel Macron avait lui-même expliqué vouloir "renforcer la lutte contre l'immigration clandestine en même temps qu'on rétablit évidemment les écoles, on reconstruit l'habitat, on reconstruit l'hôpital".

Un droit du sol dérogatoire

La loi en matière d'imigration à Mayotte a déjà été largement modifié ces dernières années. Depuis la loi asile-immigration votée en 2018, il faut prouver qu'au moins un des deux parents est en situation régulière depuis plus de trois mois lors de la naissance de l'enfant pour pouvoir demander à terme qu'il soit Français. Cette disposition ne s'applique qu'à Mayotte.

Le gouvernement a également multiplié ces dernières années les opérations d'expusion ou d'interception des Comoriens vers Mayotte, du "rideau de fer" de Gérald Darmanin à l'opération Shikandra ou Wuambushu.

Sans grand succès jusqu'ici. Selon la préfecture de Mayotte, citée dans un rapport d'information de l'Assemblée nationale en mai 2023, un peu moins de 50% de la population est de nationalité étrangère, à 95% comorienne. Entre un tiers et la moitié de la population seraient en situation irrégulière, précise de son côté la préfecture.

"On ne manque pas d'eau"

Quant à la situation humanitaire, François-Noël Buffet se veut très rasssurant: "On ne manque pas d'eau" à Mayotte, défend le ministre des Outre-mer, évoquant plutôt "un problème de distribution" des packs d'eau minérale. Quant au réseau d'eau, "90% est opérationnelle".

Ces propos sont pourtant loin de ceux tenus par la députée Estelle Youssouffa ce lundi sur France inter.

"On n'a pas d'eau, pas de nourriture, les secours ont encore du mal à arriver dans les zones", s'est alarmée l'élue (LIOT) de Mayotte. "En fait, on s'en fout de Mayotte. Et ça, franchement, c'est grave".

Si l'aide d'urgence se fait toujours attendre dans plusieurs endroits, de l'eau a été distribuée à Mamoudzou et de nombreux habitants sont rentrés chez eux avec un pack de bouteilles, ont constaté des reporters de BFMTV ce dimanche.

Mais dans des communes enclavées de l'ouest de Grande-Terre, l'île principale de l'archipel, loin de Mamoudzou, les secours, l'eau, l'électricité et la nourriture tardent toujours à arriver. Le cyclone a causé au moins 35 morts mais le bilan pourrait se compter "en centaine" voire "même en milliers de morts", a expliqué la préfecture.

Marie-Pierre Bourgeois