Homme foudroyé dans le Pas-de-Calais: quel est le risque d'être tué par un éclair en France?

La foudre a tué jeudi 23 mai un homme de 31 ans en plein entraînement sur un terrain de football à Courrières (Pas-de-Calais). Si les foudroiements mortels sont plutôt rares en France, la prudence reste de mise par temps orageux.
· Moins de dix morts par an
Les décès par foudroiement sont rares en France: le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) en recense moins de dix par an. "Ces chiffres sous-estiment cependant la réalité, car la mention de l'origine 'foudre' n’est pas toujours précisée lors de la prise en charge des victimes", nuance toutefois un article publié dans la revue scientifique La Météorologie en 2021.
Selon cette étude, qui porte sur une "analyse de 10 ans d'accidentologie humaine par la foudre en France et en Europe", les accidents surviennent majoritairement entre mai et août, avec un pic en juillet qui représente près de 30% des accidents annuels, suivi des mois d’août à 22% et juin à 18% par an.
Les chercheurs notent que la foudre frappe en majorité des promeneurs ou des badauds - environ 19% des cas. Les joueurs de football représentent un peu plus de 5% des victimes. En effet, "les accidents sont a priori plus fréquents sur des terrains plats car les personnes représentent une pointe idéale pour la foudre qui va s'en servir comme relais », expliquait au Parisien André Bonamy, chargé de mission foudre à EDF.
· Un risque élevé pour la santé
Un foudroiement n'est pas toujours mortel mais systématiquement dangereux pour la santé. "Au premier plan, on retrouve chez les victimes des troubles du rythme cardiaque", explique à BFMTV Laurent Caumon, médecin urgentiste à l'hôpital de Hyères (Var). Dans les cas les plus graves, un arrêt cardiorespiratoire peut précéder la mort.
Le médecin observe aussi chez les victimes des "troubles neurologiques" car "les nerfs sont le lieu de la circulation du courant électrique dans le corps". Les lésions peuvent provoquer "des troubles immédiats et temporaires", par exemple une paralysie pendant une dizaine de minutes, mais les dégâts peuvent aussi être "irréversibles quand les nerfs sont brûlés". Enfin, la foudre peut provoquer des "troubles pulmonaires, ORL ou encore psychologiques".
Ce risque élevé pour la santé s'explique par la puissance du choc. La tension de la foudre peut en effet atteindre 100 millions de volts, son intensité 200.000 ampères et sa température 30.000 °C.
Par ailleurs, il n'est pas nécessaire que la foudre tombe droit sur la victime pour que celle-ci soit blessée. L'électricité peut circuler dans le corps d'une personne si elle se trouve à côté d'un objet foudroyé - un phénomène appelé "éclair latéral" - ou si elle est en contact avec un élément conducteur. La foudre peut enfin frapper le sol et se propager jusqu'à la victime, parfois jusqu’à 30 mètres du point d’impact.
· Les conseils pour se protéger
Il n'existe pas de solution miracle pour échapper à la foudre, hormis celle de se mettre à l'abri le plus rapidement possible dans un bâtiment en dur ou une voiture. La foudre frappant souvent un point élevé, il faut absolument éviter de s'abriter sous un arbre, près d'un pylône électrique ou même sous un parapluie.
Dans le pire des cas, s'il n'y a aucun abri à proximité, "le plus sûr est de se mettre accroupi afin de faire de votre corps la partie du terrain la moins élevée possible", conseille sur notre antenne Stéphane Schmitt, expert chez Météorage.
"Si vous êtes en montagne près d'un point culminant, le mieux est de redescendre", ajoute le spécialiste.
Si rejoindre un abri doit être la priorité, le ministère de l'Intérieur conseille de ne pas courir ou marcher à grandes enjambées lorsqu'on se trouve sous un orage. En cause, le phénomène de "tension de pas". En effet, lorsque la foudre touche le sol, le courant risque de passer dans notre corps avec une tension plus importante si les pieds sont écartés.