Un orage "brutal et soudain": comment expliquer ce qu'il s’est passé à Courrières, où un homme est mort foudroyé

Alors qu'il s'entrainait au football à Courrières, Jordan est mort après avoir été frappé par la foudre. Un drame brutal et soudain, impossible à prévoir lors de la formation d'orages très localisés.

"La ville de Courrières est en deuil", écrit ce vendredi 24 mai le maire Christophe Pilch, au lendemain de la mort de Jordan, un trentenaire mort frappé par la foudre en plein entraînement de football dans le stade Gabriel-Péri de la ville.

Jeudi soir, "un épisode orageux brutal et soudain" a frappé la commune près de Lens et la foudre a commencé à tomber, indique la préfecture du Pas-de-Calais dans un communiqué. Un éclair a alors touché le footballeur amateur qui se trouvait au milieu des autres joueurs.

Un autre homme s'est plaint de douleurs thoraciques tandis que 12 autres personnes ont été légèrement blessées, souffrant de brûlures ou de maux de tête par exemple.

Ce drame est survenu de façon totalement inattendue. Au total, ce sont 278 décharges de foudre qui ont été enregistrées jeudi, dont 38 dans un rayon de deux kilomètres autour du centre-ville et donc de manière très locale. Cet orage ne semblait pas présenter de sévérité particulière, avec seulement une vigilance jaune émise dans le département du Pas-de-Calais.

Un phénomène impossible à prévoir

Malgré les progrès techniques et technologiques autour de la météorologie, cela reste impossible de prévoir que la foudre va toucher une commune en particulier, et encore moins un lieu précis.

"C'est la raison pour laquelle il y a en ce moment et depuis près de 15 jours les trois-quarts du territoire qui sont placés en vigilance jaune pour des orages qui sont localement violent", précise Marc Hay, journaliste météo et climat à BFMTV.

Lorsque la foudre se crée à l'intérieur d'un cumulonimbus, elle peut ensuite tomber à plusieurs endroits. "On voit souvent des images aussi où la foudre vient taper de façon plus fréquente des arbres par exemple. Évidemment, ça détruit complètement l'arbre", note Patrick Marlière, prévisionniste et météorologue.

Pas-de-Calais, la foudre tue dans un stade - 24/05

10:14

Certaines villes sont équipées de paratonnerre pour protéger les bâtiments des effets de la foudre et attirer l'éclair afin qu'il frappe un point d'impact précis.

Une propagation de la charge électrique

Dans ce contexte, être frappé par la foudre reste un phénomène exceptionnel bien qu'inhabituel. En France, 100 personnes en moyenne se font foudroyer par an, dont une dizaine de cas sont mortels.

Tout comme la foudre peut frapper un arbre, une tente, une infrastructure, elle peut foudroyer directement une personne. Lors de l'impact, qui dure une microseconde, la victime reçoit jusqu'à 100 millions de volts à une température avoisinant les 30.000°C.

Mais un éclair peut également toucher le sol, et par propagation toucher une personne à proximité. Un homme qui se situe dans un périmètre de 20 à 30 mètres autour de l'impact de la foudre, va ainsi à son tour être touché par la charge électrique.

C'est notamment ce qui explique qu'à Courrières, plusieurs personnes ont été blessées et ont reçu des brûlures, bien qu'elles n'aient pas été directement frappé par l'éclair meurtrier. Selon le prévisionniste Patrick Marlière, un autre facteur a pu provoquer la mort de Jordan: le terrain complètement trempé du stade Gabriel-Péri.

"Si la foudre est tombée à proximité, vous imaginez la décharge électrique que cela a pu représenter pour cette personne à côté de l'éclair qui a frappé le sol."

"Et les personnes à proximité ont été touchées aussi, mais de façon un peu moins importantes", confirme-t-il.

Des conseils pour se protéger

C'est donc un phénomène imprévisible qui s'est produit ce jeudi à Courrières, résultant par la mort d'un homme qui se trouvait par un concours de circonstances près du point d'impact de la foudre.

Aujourd'hui, le seul moyen de se prémunir contre le foudroiement, direct ou non, est de se protéger en se mettant à l'abri à l'arrivée d'un orage. Les sapeurs-pompiers de France conseillent notamment, dans un premier temps, de s'éloigner des structures métalliques qui ont tendance à attirer les éclairs. Il n'est pas non plus recommandé de s'abriter sous un arbre, un parapluie, une cabine téléphonique ou encore près d'un cours d'eau et sur des points hauts.

Les secours appellent à trouver un habitacle fermé: un bâtiment, une voiture fermée et à l'arrêt, ou magasin. Sans abris à proximité, le mieux est de s'accroupir, rentrer la tête dans les épaules, et poser les pieds sur une matière isolante comme un ciré ou un sac à dos.

Des averses orageuses sont encore prévues ce vendredi, avec une vigilance jaune toujours en vigueur dans le Nord et le Pas-de-Calais de 14 heures jusqu'à 21 heures.

Juliette Moreau Alvarez