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Crues dans le Pas-de-Calais: pourquoi le département subit-il autant d'inondations?

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Dans le Pas-de-Calais, les sols gorgés d'eau ne sont plus en capacité d'absorber les importantes précipitations qui ne cessent de tomber. Le tout ajouté à des nappes phréatiques pleines, un vent fort et un relief inexistant qui ne favorisent pas l'évacuation de l'eau vers la mer.

Deux mois après un premier épisode de crues historique, les Calaisiens voient de nouveau leurs rues, leurs jardins et leurs salons inondés par les eaux. Placé en vigilance rouge aux crues depuis ce mardi 2 janvier, le Pas-de-Calais continue de voir de très fortes précipitations s'abattre sur son sol.

L'équivalent d'un moins de pluie est tombé en quatre jours. Et ce, au grand désarroi des habitants, sinistrés, qui ont les nerfs à vif face à la succession des événements.

Derrière ces inondations à répétition, se tapit le dérèglement climatique. En 2023, une année particulièrement chaude, les températures ont été supérieures aux normales de saison.

Allons-nous subir des inondations à répétition?
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On considère que chaque degré supplémentaire équivaut à 7% de vapeur d'eau en plus dans l'atmosphère. Résultat: les pluies sont plus abondantes, et le sol n'arrive plus à absorber ces fortes quantités d'eau.

"II y a trop d'eau qui tombe d'un coup, et la terre a une capacité d'absorption limitée", expliquait au mois d'août Laurie Caillouet, hydrologue et membre de l'association de sensibilisation sur les enjeux de l'eau, Eau'Dyssée à BFMTV.com.

"Une grande partie va ruisseler sur les sols, sans les infiltrer, et va glisser dans les rivières", soulignait-elle.

Des nappes phréatiques qui n'absorbent plus

Ces sols gorgés d'eau sont synonymes de nappes phréatiques hautement remplies. Selon le site du gouvernement info-sécheresse, au 2 janvier, le niveau des nappes dans le département était au plus haut.

Si le Pas-de-Calais aurait accueilli la nouvelle d'un bon œil l'été dernier, quand étaient multipliés les états de vigilance sécheresse, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Des nappes phréatiques pleines signifient qu'elles ne peuvent plus absorber les importantes précipitations qui viennent rejoindre des cours d'eau déjà sortis de leur lit. Et elles menacent même elles-mêmes de déborder.

On parle d'inondations par remontées de nappes: les eaux contenues dans ces nappes atteignent la surface du sol. Cela arrive quand les nappes sont peu profondes et qu'elles sont réactives aux pluies, comme dans le Pas-de-Calais.

Le département étant très plat - le relief le plus haut étant à 212 mètres -, cela n'aide pas non plus à évacuer l'eau vers la mer. Une situation aggravée par le vent fort qui souffle "en rafales" selon Météo-France. Le vent pousse l'eau vers les terres et empêche d'autant plus les cours d'eau de s'évacuer naturellement vers la mer.

De plus, les habitants déroutés face à ces inondations résident souvent dans des "endroits où il n'aurait pas fallu construire", note Amandine Richaud-Crambes, urbaniste, ingénieure en environnement au micro de BFMTV qui parle de terrains "vulnérables".

La situation est résumée par Adam Beernaert, directeur général de la protection civile du Pas-de-Calais dans Libération par un "alignement des planètes, mais dans le mauvais sens". "Il pleut en grande quantité, les nappes phréatiques sont pleines, les sols sont gorgés d’eau, les marées poussent l’eau vers l’intérieur des côtes… On ajoute de l’eau à de l’eau", conclut-il.

Juliette Brossault