BFMTV
Canicule

Surpoids, muscles, âge, hormones... Pourquoi certains sont plus accablés par la canicule que d'autres

placeholder video
Divers facteurs interviennent dans le ressenti de la chaleur. Des différences d'une personne à l'autre particulièrement visibles durant les périodes de fortes chaleurs, ou à l'inverse lorsqu'il fait très froid.

Pendant une canicule, il fait chaud. Mais d'une personne à l'autre, la chaleur semble parfois moins écrasante. Certains crient à l'agonie dès 26°C, alors que d'autres pourraient presque endurer une dizaine de dégrés de plus sans broncher.

Nous sommes simplement inégaux face à la chaleur, en raison d'une myriade de facteurs, comme l'explique à BFMTV.com Agnès Ricard-Hibon, médecin et porte-parole de la Société française de médecine d'urgence.

L'un de ces facteurs, particulièrement important, peut-être influencé: le taux d'hydratation. D'un extrême à un autre, chez les nourrissons comme chez les seniors, on supporte moins bien le chaud.

"Les personnes âgées ressentent moins la sensation de soif et se déshydratent beaucoup plus vite (...) C'est pareil pour les bébés, pour les mêmes raisons. La déshydratation entraîne des conséquences importantes qui font qu'ils vont beaucoup moins tolérer la chaleur que des gens plus grands", résume Agnès Ricard-Hibon.

Pour rappel, la transpiration est la méthode qu'utilise notre corps pour maintenir sa température aux alentours de 37°C. La sueur s'évapore et permet de faire baisser le thermomètre interne, mais au risque de provoquer ladite déshydratation si l'apport en eau n'est pas suffisant. Un mécanisme également perturbé par l'humidité ambiante.

Masse musculaire et surpoids

La composition corporelle des individus est également un facteur qui entre en considération. D'abord, les personnes en surpoids - voire souffrant d'obésité - ont davantage chaud, par un mécanisme physique. "La masse graisseuse peut retenir la chaleur et limiter son évacuation", à l'image d'une doudoune isolante, explique la médecin.

Mais le coup de chaud n'est pas l'apanage des personnes en surpoids. Les personnes musclées sont exposées à la chaleur. Plus la masse musculaire est développée, plus l'organisme crée de chaleur. Lors d'un effort, une "hyperthermie maligne" peut même survenir. Ce constat est aussi vrai - dans une moindre mesure - au repos.

Comme l'expliquait en janvier à BFMTV.com Cédric Moro, directeur de recherche à l'Inserm et docteur en physiopathologie, il en découle une différence entre les sexes. La masse musculaire des hommes est en moyenne plus développée que celles des femmes (35% contre 28%).

Du lundi 22 juillet au dimanche 11 août, Céline Kallmann cède les commandes du "Titre à la une" à Denis Girolami et Yves Pulici. "Les Jeux à la une", un nouveau podcast quotidien pour suivre au plus près l'actualité des Jeux olympiques de Paris 2024
Comment les athlètes peuvent survivre à la chaleur malgré l'effort
12:26

Le rôle des hormones

Agnès Ricard-Hibon souligne un autre déséquilibre entre les sexes, du fait des hormones. "Les différences hormonales font qu'on a plus de bouffées de chaleur par exemple quand on a des modifications hormonales liées au cycle (menstruel, NDLR), durant la ménopause, ou durant la grossesse".

Un dérèglement thyroïdien peut aussi provoquer un ressenti de la chaleur bouleversé. Dans un sens comme dans l'autre. Les personnes atteintes d'hyperthyroïdie sont "beaucoup plus sensibles à la chaleur, alors que ceux qui sont en hypothyroïdie sont beaucoup plus frileux", ajoute-t-elle.

D'autres maladies peuvent provoquer une intolérance à la chaleur, comme le diabète et les troubles cardiovasculaires. Mais les traitements et les médicaments sont eux aussi des trublions. Ainsi, certains médicaments contre l'hypertension ou la dépression peuvent influencer la régulation thermique, un effet indésirable qui, s'il devient trop gênant, doit être discuté avec un pharmacien.

Une "question d'adaptation" et de génétique

Certains habitants des zones les plus froides du monde se sont biologiquement adaptés au fil des générations à leur environnement, à l'image des Inuits ayant développé des taux plus importants de graisses spéciales. Mais l'inverse est également vrai, la médecin souligne l'importance de "l'adaptation et des facteurs génétiques".

"Ceux qui vivent dans les pays chauds tolèrent beaucoup mieux la chaleur que ceux qui vivent dans les pays froids! Il y a une adaptation et probablement un facteur génétique", souligne Agnès Ricard-Hibon. L'organisme est toutefois capable de "perdre l'habitude de la chaleur", comme l'expliquait en 2022 à BFMTV.com Antoine Demonceaux, un médecin généraliste.

Enfin, plusieurs études ont également mis en lumière le potentiel de la psyché dans la perception de la chaleur. Une étude australienne menée à Melbourne lors d'une canicule a par exemple montré que des personnes percevaient des journées comme plus chaudes si elles sont qualifiées par une alerte à la canicule.

Tom Kerkour