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Terrorisme et réchauffement climatique: les deux dossiers brûlants du G7 en Sicile

Ouverture du sommet du G7 à Taormine, en Sicile, le 26 mai 2017

Ouverture du sommet du G7 à Taormine, en Sicile, le 26 mai 2017 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Les chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés de la planète sont réunis ce vendredi à Taormina en Sicile. Si ils devraient parvenir à un accord sur la lutte contre le terrorisme, un consensus sur le réchauffement climatique et les accords commerciaux internationaux devrait être plus difficile à trouver.

"Il n'y a aucun doute que ce sera le sommet du G7 le plus difficile depuis des années", a averti vendredi matin le président du Conseil européen, Donald Tusk, alors que les sujets de contentieux ne manquent pas avec les Etats-Unis. Les sept chefs d'Etat et de gouvernement (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Canada) se sont retrouvés vendredi matin à Taormina en Sicile, où 7.000 officiers de police ont été déployés pour assurer leur sécurité.

Paolo Gentiloni, président du Conseil des ministres italien depuis décembre 2016, a promis de tout faire pour rapprocher les points de vue afin de faire de ce nouveau rendez-vous du G7 "une réunion utile". Parmi les dossiers qui seront évoqués lors de ce sommet: la lutte contre le terrorisme, le réchauffement climatique et le commerce international.

La lutte contre le terrorisme devrait faire consensus

Quelques jours seulement après l'attentat sanglant qui a frappé la ville de Manchester, les participants du G7 devraient réaffirmer unanimement leur engagement et leur fermeté dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Mais si sur le principe d'un front uni, les sept pays sont d'accord, sur la méthode en revanche, un certain nombre de sujets de friction persistent, rappelle Mathieu Coache, envoyé spécial de BFMTV à Taormina.

L'ensemble des chefs d'Etat s'accordent par exemple à participer à l'échange de renseignements mais encore faut-il faut s'assurer qu'un pays ne fasse pas plus de rétention d'informations qu'un autre. L'effort financier est par ailleurs une vraie question. En Europe, la France est le pays qui dépense le plus dans la lutte contre le terrorisme et Emmanuel Macron veut aller plus loin en faisant passer le budget de la Défense à 2% du PIB. De leurs côtés, les Etats-Unis dépensent énormément en Syrie. Pour les deux hommes, il s'agit donc de convaincre leurs homologues d'accroître leur budget alloué à cette lutte contre le terrorisme. "C'était l'attitude de Donald Trump à l'Otan et ce sera le cas en Sicile", prévient Mathieu Coache. 

Enfin, la question de l'attitude à adopter face à la Russie est loin d'être tranchée. "Il y a, à ce sujet, quasiment sept visions différentes. Ce sera donc difficile d'en trouver une commune", estime notre envoyé spécial.

Le réchauffement climatique, sujet "le plus compliqué"

Le réchauffement climatique, sujet sur lequel Donald Trump refuse toujours de se prononcer, "sera le plus compliqué", a prévenu mercredi l'entourage du président français. Et ce dernier, que tout semble opposer au nouveau locataire de la Maison Blanche, compte bien faire pression sur l'administration américaine.

Pendant sa campagne, Donald Trump promettait une sortie de l'accord de Paris. Le président américain n'a d'ailleurs jamais caché son scepticisme sur la lutte contre le réchauffement climatique. "Donald Trump a donné des signes plutôt négatifs sur le climat, notamment sur la relance de la construction des oléoducs y compris dans les grandes plaines tenues par les Sioux. Il a également démontré qu'il était en faveur, pour l'emploi et c'est sa doctrine, de relancer des usines de charbon", rappelle Olivier Piton, auteur de "La nouvelle révolution américaine".

Mais depuis son élection, Donald Trump s'est pourtant ravisé, repoussant sa décision de respecter ou non l'accord de la Cop21 à son retour du G7. Pour tenter de convaincre le président américain, les dirigeants présents en Sicile pourraient avancer l'argument économique. "Macron comme les autres dirigeants européens peuvent inciter Donald Trump à se rappeler d'une chose : c'est que la lutte contre le réchauffement climatique est un marché", explique Benoit Hartmann, directeur du Cler, réseau pour la transition énergétique. "Les économies d'énergie permettent de gagner beaucoup d'argent, et de relancer la croissance. Privilégier les énergies renouvelables contribue à relancer l'industrie dans le monde et à créer des emplois", ajoute-t-il.

Toute la diplomatie européenne essaie de "pousser dans la même direction" les Etats-Unis sur le climat, a assuré la présidence française, Emmanuel Macron ayant par ailleurs suggéré à son homologue américain de "ne pas prendre de décision précipitée".

Une discussion "robuste" sur le commerce international attendue

Autre sujet de dissensions, le commerce international et le rôle d'arbitre de l'OMC. "C'est l'Amérique de Trump contre l'Europe de Macron", analyse Ulysse Gosset, éditorialiste international sur BFMTV. Alors que Donald Trump a clairement affiché, en arrivant à la Maison Blanche, son ambition de revenir sur un certain nombre de traités commerciaux qui engagent les Etats-Unis avec le Mexique, le Canada ou l'Europe, Emmanuel Macron souhaite l'accord "le plus ambitieux possible sur la défense du système multilatéral".

Le conseiller économique du président Trump, Gary Cohn, a confié s'attendre à une discussion "robuste" sur le sujet. "Un terme quasiment militaire qui prouve qu'il existe des désaccord profonds", estime Ulysse Gosset. Toutefois, depuis son investiture, Donald Trump affiche ses positions avec fermeté mais il devient aussi plus pragmatique car il prend conscience des conséquences de ses actes", ajoute-t-il. La signature d'un communiqué commun à l'issue du G7 n'est donc pas totalement écartée.

Mélanie Rostagnat avec AFP