Procès à New York d'un policier ayant tué un père de famille noir

La compagne d'Akai Gurley, Kimberly Ballinger, le 11 février 2015 à New-York - SPENCER PLATT, GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP
Le procès d'un jeune policier qui avait tué en novembre 2014 un père de famille noir non armé dans une cage d'escalier mal éclairée de Brooklyn, doit s'ouvrir mercredi après-midi à New York, et l'accusé pourrait lui-même témoigner pour sa défense.
La mort d'Akai Gurley, 28 ans, quelques mois après celle d'Eric Garner, un autre père de famille noir lors d'une interpellation musclée à New York, avait suscité plusieurs manifestations dénonçant les brutalités policières à l'encontre des minorités dans la plus grande ville américaine.
Peter Liang, 28 ans, jeune policier débutant, est notamment inculpé d'homicide involontaire et homicide par négligence. Il a plaidé non coupable et risque jusqu'à 15 ans de prison. Il comparaît libre.
Son procès, rare pour un policier, doit s'ouvrir par la sélection des jurés. Les premières déclarations sont attendues lundi prochain.
Une balle en pleine poitrine
Dès le lendemain du drame, le chef de la police Bill Bratton avait reconnu que la victime, père d'une petite fille alors âgée de 2 ans, était "totalement innocente et n'était engagée dans aucune sorte d'activité criminelle". Le maire Bill de Blasio avait parlé d'"erreur tragique".
Akai Gurley n'était pas armé. Il avait été atteint d'une balle en pleine poitrine.

Le jeune policier d'origine asiatique avait commencé 18 mois plus tôt et était encore à l'essai. Le 20 novembre 2014, il était chargé d'une patrouille de routine avec un collègue dans la cité HLM Pink Houses de Brooklyn, théâtre de deux meurtres en un an. Après avoir vérifié le toit d'un immeuble, il en avait emprunté la cage d'escalier au 8e étage pour redescendre.
La lumière ne fonctionnait pas et il faisait très sombre. Au même moment, l'ascenseur n'arrivant pas, Akai Gurley avait emprunté la cage d'escalier au 7e étage avec une amie. Peter Liang, qui avait auparavant sorti sa lampe de poche et son arme, avait tiré.
"Je l'ai tué par accident", avait-il indiqué ensuite à son supérieur Vitaliy Zelikov, arrivé sur place, qui l'a raconté lors d'une audience préparatoire au procès mardi. Peter Liang "avait du mal à respirer", semblait choqué, était "incohérent dans ses propos", a-t-il témoigné.
Après avoir tiré, Peter Liang et son collègue Shaun Landau avaient hésité plusieurs minutes avant d'appeler leurs supérieurs, et n'avaient pas répondu aux messages radio qui leur étaient envoyés. Ils n'avaient pas non plus appelé les secours, selon la presse locale.
Un grand jury a retenu six chefs d'accusation: homicide involontaire, homicide par négligence, agression, mise en danger d'autrui par négligence et deux chefs de faute professionnelle.
