"Personne n'a envie d'être associé à la Russie": dans le Donbass, certains préfèrent partir

Au bord d'une route de Chtchastia, Nik fait du stop. Le jeune homme a décidé de quitter sa ville, située à seulement 50 minutes de Lougansk, capitale d'une des deux "républiques populaires" que Vladimir Poutine a reconnues comme indépendantes lundi soir.
"Je cherche à aller à Kharkiv. Personne n'a envie d'être associé aux républiques séparatistes et à la Russie. Ça fait 30 minutes que j'attends, mais il n'y a pas beaucoup de monde. Ça bombarde fort aujourd'hui", explique-t-il.
"C'est la guerre"
Dans la deuxième ville du pays, Nik aspire à trouver un peu de tranquillité. Kharkiv se situe en effet en dehors du Donbass, zone où les violations du cessez-le-feu ont repris de plus belle depuis que Vladimir Poutine a décidé de clore les discussions diplomatiques qui portaient sur la région, et d'annoncer dans la foulée l'envoi de troupes russes en renfort.
Alors que les contours d'une invasion massive de l'Ukraine se dessinent, certains habitants du Donbass, à l'image de Nik, ont ainsi décidé de prendre le chemin de l'exil. Comme cette famille rencontrée sur un parking.
"C'est la guerre. On est bombardés. On n'a plus de gaz, ni d'électricité. Et sans chauffage, c'est impossible. Du coup, j'attends mon mari pour charger la voiture et on s'en va", explique la mère de famille résignée, aux côtés de sa fille qui porte dans ses bras un chat.
Direction Starobilsk, à 40km plus au Nord, accompagné du félin familial.
"On a nulle part où aller"
Il faut dire qu'à Chtchastia, la centrale thermique a été touchée. Si bien que tout le district, en plus de devoir faire face aux velléités guerrières du maître du Kremlin, doit désormais vivre sans chauffage.
D'autres sont néanmoins résignés. Partir, oui, mais pour aller où? Ils préfèrent faire leur plein d'essence, "au cas où", mais ne se voient pas quitter leur ville pour l'instant.
À l'image de cet homme, qui témoigne depuis une station-service située à quelques kilomètres de la ligne de front. Preuve en est, les bombardements sont audibles depuis les pompes à essence.
"C'est juste au cas où, si on doit évacuer. Mais on va rester ici pour l'instant. Et puis, on irait où? On a nulle part où aller", explique-t-il.
Dans le Donbass, il y a donc ceux qui ont décidé de prendre la route de l'exil, sans savoir quand ils vont revenir. Et puis les résignés, qui rappellent que la zone est en guerre depuis 2014. Ils préfèrent remettre au goût du jour les abris dans leur maison, et restent dans l'attente. Pas d'exode massif ni de files d'attente interminables pour l'instant donc.
Quant à Nik, au bout de 30 minutes d'attente, une voiture s'arrête enfin. Le jeune homme s'engouffre dans l'habitacle. Sans savoir quand il reverra sa ville.