Turquie: l'alcool frelaté a provoqué la mort de 120 personnes depuis janvier

Des fonctionnaires du ministère de l'agriculture et des forêts et des policiers turcs inspectent des bouteilles dans un magasin d'alcool à Istanbul, le 17 janvier 2025. - KEMAL ASLAN / AFP
Plus de 120 personnes sont mortes en Turquie depuis le début de l'année après avoir consommé de l'alcool frelaté, selon un décompte de l'agence de presse étatique Anadolu.
Cinquante-quatre personnes sont mortes dans la capitale Ankara, où une quarantaine de patients sont hospitalisés en soins intensifs, a indiqué ce lundi 17 février Anadolu, qui avait fait état le 7 février de soixante-dix décès à Istanbul depuis la mi-janvier.
Contacté par l'AFP, un porte-parole du ministère turc de la Santé n'avait pas répondu dans l'immédiat.
De l'alcool contrefait dans un restaurant d'Asie centrale
L'alcool frelaté avec du méthanol, un alcool industriel différent de l'éthanol utilisé dans les boissons alcoolisées, est soupçonné d'être la cause de cette vague de décès.
Au moins trente-trois des victimes recensées à Istanbul sont de nationalité ouzbèke, selon le consulat d'Ouzbékistan.
Selon la presse locale, certaines de ces victimes sont décédées après avoir acheté de l'alcool contrefait dans un restaurant d'Asie centrale, à 30 livres turques (0,80 euro) les 50 cl, bien en deçà des prix en supermarchés. La bouteille d'un litre de raki, alcool anisé traditionnel, vaut environ 35 euros en magasin.
Une trentaine de personnes soupçonnées d'être impliquées dans la fabrication ou la vente d'alcool de contrebande à Ankara et Istanbul ont été placées en détention provisoire, a indiqué Anadolu.
84 personnes mortes en 2021 après avoir bu l'alcool
La Turquie a déjà été touchée par de précédentes vagues d'intoxication: 84 personnes étaient mortes dans 22 des 81 provinces du pays en décembre 2021 après avoir bu de l'alcool frelaté, selon Anadolu.
Des propriétaires de magasins spécialisés accusent le gouvernement islamo-conservateur d'être indirectement responsable de ces décès à répétition en raison des fortes taxes appliquées sur l'alcool, qui encouragent selon eux la production clandestine.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, un musulman pieux accusé par ses opposants de vouloir islamiser la société, a plusieurs fois pris position contre la consommation d'alcool ou de tabac.