La colère de la gauche, les doutes de Retailleau, le casus belli Le Maire: le gouvernement de Sébastien Lecornu déjà en sursis?

C'est une soirée politique totalement inédite qui s'achève. Après avoir enfin nommé, dans la douleur, son gouvernement, Sébastien Lecornu n'a aucune certitude qu'il survive... à ce lundi matin.
Bruno Retailleau a pris tout le monde de court, par un message sur X, posté à 21h22 ce dimanche soir. Mécontent de la composition finale, le président des Républicains semble prêt à revenir sur la participation de son parti au nouvel effectif. Le retour surprise de Bruno Le Maire au ministère des Armées est un casus belli entre la droite et le bloc central. Le comité stratégique des Républicains, convoqué à 11h30, doit se prononcer sur la suite.
Les 18 ministres nommés seront-ils tous autour de la table du Conseil des ministres prévu ce lundi à 16h ? Ces incertitudes arrivent après de nombreuses critiques de l'opposition. Alors que Sébastien Lecornu avait évoqué une "rupture" par rapport à François Bayrou, elles s'insurgent, ce dimanche soir, de cette absence de changement.
"Le gouvernement annoncé ce soir, composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse, a décidément tout de la continuité, absolument rien de la rupture que les Français attendent", a déploré le président du Rassemblement national Jordan Bardella.
Pour Marine Le Pen, ce choix "de gouvernement à l'identique" est "pathétique". Elle ajoute: "Les bras nous en tombent."
Éric Ciotti estime que ce nouveau gouvernement "est un bras d'honneur aux Français".
"On prend les mêmes et on recommence. En prime le retour de l’homme aux 1000 milliards de dette. Le dernier quarteron du macronisme est tout sauf la rupture demandée par les Français. Cette provocation ne sera pas sans conséquence", a-t-il prévenu sur X.
"Avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr"
Le député LFI et président de la Commission des Finances Éric Coquerel a, pour sa part, dénoncé "un gouvernement des perdants". "Avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr. On voit que c'est un gouvernement Bayrou sans Bayrou mais beaucoup plus à droite, car ce sont surtout des éléments à droite du macronisme qui rentrent, pour imposer la même politique. Dans quelle démocratie sommes-nous?", a-t-il déclaré sur BFMTV.
"Plus d'un an après juillet 2024, ce sont toujours des gouvernements de perdants qu'on nous impose. C'est quand même sidérant", a fustigé Éric Coquerel.
"Tout ça pour ça?", s'interroge Jean-Luc Mélenchon, qui ajoute: "Le gouvernement Lecornu est un cortège de revenants à 80 % de LR et anciens LR embauchés pour continuer une politique qui a provoqué tant de souffrance populaire et de dégâts écologiques. Des élections pour rien, deux censures pour rien ? Cela ne tiendra pas. Et tout ça pourquoi ? Juste le gavage d'une oligarchie parasite du pays."
Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, a, de son côté, dénoncé l'"obstination" des macronistes qui "plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos".
"Ils perdent les élections mais ils gouvernent. Ils n'ont pas de majorité mais refusent les compromis. Ils se font renverser mais restent en poste. À quoi jouent les macronistes?", a-t-il écrit sur X.
Ce nouveau gouvernement doit, normalement, se rassembler ce lundi à 16 heures autour d'Emmanuel Macron lors d'un premier Conseil des ministres. Et d'autres nominations, notamment pour les secrétariats d'État, devraient intervenir dans les prochains jours. Mais tout va dépendre de la décision que prendront les LR à l'issue de leur comité stratégique.