Turquie: l'interdiction de Twitter a été jugée illégale

Les autorités turques ont bloqué l'accès à Twitter le 20 mars dernier. (photo d'illustration) - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La cour suprême de Turquie a estimé, ce mercredi, que le blocage des messages sur la plateforme de microblogs Twitter violait le droit, a annoncé une télévision locale. La plus haute juridiction du pays a jugé à l'unanimité que l'interdiction constituait une violation du droit constitutionnel à la liberté d'expression. En conséquence, la cour a ordonné la levée du blocage de la plateforme, et adressé une double injonction à l'autorité turque des télécommunications (TIB) et au gouvernement demandant de "faire le nécessaire", selon la NTV.
Le blocage du réseau Twitter est effectif depuis le 20 mars, sur instructions de Recep Tayyip Erdogan, décidé à en finir avec la diffusion quotidienne sur Internet, depuis des semaines, d'accusations de corruption.
Le Premier ministre a ordonné cet acte de censure exceptionnel en représailles à la publication d'enregistrements d'écoutes téléphoniques le mettant en cause dans un scandale de corruption. "Nous allons supprimer Twitter. Je me moque de ce que pourra dire la communauté internationale", avait-il lancé devant des milliers de partisans lors d'un rassemblement électoral à dix jours du scrutin municipal du 30 mars. "Ils verront alors la force de la Turquie", avait-il ajouté
Avalanche de critiques
Un tribunal administratif d'Ankara avait ordonné mercredi dernier la levée de la décision du gouvernement turc, très controversée en Turquie et à l'étranger, de bloquer l'accès au réseau Twitter dans le pays. L'opposition parlementaire et plusieurs organisations non-gouvernementales avaient saisi la justice après la décision des autorités.
Même si le blocage de Twitter a été largement contourné par les internautes turcs, il a provoqué une avalanche de critiques, qui ont dénoncé une mesure de "censure" et la dérive autoritaire du pouvoir islamo-conservateur turc, au pouvoir depuis 2002.
Youtube également bloqué
Une semaine après le réseau Twitter, le gouvernement turc avait également bloqué jeudi dernier l'accès à YouTube, après la diffusion sur Internet de l'enregistrement d'une réunion confidentielle évoquant une intervention militaire turque en Syrie. A trois jours d'élections municipales cruciales pour le gouvernement, cette fuite, dernière d'une longue série, avait provoqué la fureur de Recep Tayyip Erdogan, qui avait dénoncé un "acte ignoble, lâche, immoral" et promis à ses auteurs de les poursuivre "jusque dans leurs caves".
Recep Tayyip Erdogan est affaibli depuis la mi-décembre par une vaste affaire politico-financière, dont il accuse ses ex-alliés de l'organisation du prédicateur musulman Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis, d'être les instigateurs.
Malgré ce scandale, le Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan a largement remporté les élections municipales, mais l'opposition affirme que le scrutin a été marqué par des fraudes.