Syrie: Berlin prône le pragmatisme après la poignée de main refusée à sa ministre par le nouveau dirigeant

Les chefs de la diplomatie française et allemande, Jean-Noël Barrot et Annalena Baerbock, visitent la prison de Saydnaya, à Damas, en Syrie, le 3 janvier 2025 - ANWAR AMRO © 2019 AFP
Le gouvernement allemand a soutenu ce lundi 6 janvier une approche pragmatique de la transition en Syrie, après que le nouvel homme fort de Damas a refusé de serrer la main à la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, vendredi.
Les images de l'accueil sans contact physique réservé par Ahmad al-Chareh à la cheffe de la diplomatie allemande ont fait le tour des réseaux sociaux.
Comme il est d'usage pour certains musulmans rigoristes, le dirigeant islamiste l'a saluée en posant sa main sur sa poitrine, après avoir attrapé du bout des doigts celle de son homologue français Jean-Noël Barrot.
"Cela montre à qui nous avons affaire"
Ce geste a eu un écho particulier au moment où Annalena Baerbock venait à Damas plaider le droit des femmes. "Cela montre à qui nous avons affaire en ce moment", a réagi un porte-parole du ministère, Christian Wagner, interrogé ce lundi lors d'un point presse régulier.
"Nous ne pouvons pas parler uniquement à des gens, à l'échelle mondiale, dont nous partageons entièrement toutes les valeurs et tous les points de vue", a-t-il cependant défendu.
Si "de très nombreuses questions se posent désormais sur la direction" que va prendre Damas, "l'intérêt de l'Allemagne et de l'Europe" est d'"accompagner le processus" de transition et d'"exprimer clairement nos attentes", a-t-il encore dit.
Première rencontre depuis le 8 décembre dernier
Annalena Baerbock avait elle-même brièvement réagi à l'épisode, expliquant vendredi à des journalistes: "Dès mon arrivée, j'ai compris qu'il n'y aurait pas de poignée de main ordinaire, mais il était tout aussi clair que non seulement moi, mais aussi le ministre français des Affaires étrangères, ne partageait pas cet avis".
De son côté, le ministre français a souligné dimanche qu'il aurait "préféré" que le nouveau dirigeant syrien accepte de serrer la main de son homologue allemande, tout en estimant que ce n'était pas "l'objet" de la visite.
La visite à Damas des deux ministres était la première à ce niveau entre des responsables des grandes puissances occidentales et celui qui a pris les rênes du pays le 8 décembre, après la fuite du président Assad.