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Syrie

Cellules, instruments de torture... En Syrie, des locaux abandonnés témoignent de la barbarie du régime d'Assad

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Abandonnés par les fonctionnaires, de nombreux bâtiments regorgent de traces d'interpellations abusives et de tortures de la part du pouvoir.

Des reliques de la terreur. Plus d'une semaine après le départ de Bachal al-Assad de Syrie, chassé du pouvoir par les rebelles islamistes après 24 ans d'un règne despotique et sanguinaire, la population syrienne panse peu à peu ses plaies et découvre avec effroi la réalité du régime de celui qui avait pris la succession de son propre père en 2000.

À Alep, BFMTV a pu pénétrer dans un bâtiment de la sécurité d'État, aujourd'hui abandonné par les fonctionnaires qui l'occupaient jadis. Là, se trouvent encore des centaines de classeurs dans lesquels sont consignées les activités de surveillance de la population exercées par le régime.

Sur l'une des pages, un ordre d'arrestation concernant un internaute, pris pour cible pour ces messages sur les réseaux sociaux dans lesquels il soutenait la révolution et critiquait vivement Bachar-al-Assad.

Tortures

L'horreur se poursuit au sous-sol. Là, dans un couloir en enfilade, se trouvent plusieurs petites cellules dans lesquelles étaient maintenus les individus interpellés. Selon un ancien détenu, jusqu'à huit personnes pouvaient être entassées dans cet espace de quelques mètres carrés seulement.

Dans des pièces voisines se trouvent encore plusieurs instruments de torture dont un bandeau pour les yeux, mais aussi un fouet de bandelettes de caoutchouc rigide, qui au vu des traces d'usure a visiblement beaucoup servi.

À proximité se trouve également un pneu dans lequel les détenus étaient enfilés, bras le long du corps, afin de les empêcher de se défendre des coups.

"L'abattoir humain"

Depuis maintenant une dizaine de jours, les découvertes du même type se multiplient sur l'ensemble du territoire syrien. Avec la chute du régime, plusieurs prisons ont été ouvertes par les rebelles, dont celle de Saidnaya, surnommée "l'abattoir humain" d'Assad. Elle était devenue, depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, le symbole d'un régime répressif aux pratiques barbares.

Régulièrement privés d'eau et de nourriture, souvent dépouillés de leurs vêtements, les détenus vivaient dans le froid avec pour seule protection des couvertures humides, parfois infestées de poux. Les passages à tabac, à coup de barre de fer ou de bâtons électriques, étaient fréquents.

Au total, depuis le début du soulèvement en 2011, plus de 100.000 personnes ont péri dans l'immense complexe pénitentiaire syrien, selon une estimation de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) en 2022.

Quentin Baulier, Clément Granon avec Hugo Septier