Assad interviewé par "Le Figaro": Malbrunot raconte les coulisses

La une du Figaro, mardi, avec l'interview de Bachar al-Assad. - -
"Assad met en garde la France", titre mardi Le Figaro, qui a obtenu un entretien exclusif avec le président syrien. Le journaliste Georges Malbrunot, l'a rencontré à Damas lundi. Il relate sur BFMTV les conditions de cette interview.
Le député socialiste Bruno Le Roux a critiqué lundi sur Twitter ce qu'il qualifie de "tribune" offerte à Assad. Le directeur des rédactions du Figaro, pour couper court à toute polémique justifie la démarche dans un édito intitulé "Fallait-il donner la parole à Assad dans Le Figaro?". "Donner la parole ne signifie pas approuver, ni cautionner", y écrit-il.
Georges Malbrunot évoque pour sa part un timing contrôlé par le dirigeant syrien. "Il y avait une volonté claire de parler aux Français, au moment où le débat a lieu à l'Assemblée nationale", assure-t-il.
La demande d'interview avait en effet été lancée "il y a bientôt deux ans, peu après le début de la révolte", raconte Georges Malbrunot. "Samedi, peu après mon arrivée à Damas, on m'a téléphoné en me disant que probablement il y aurait une interview du président Assad", raconte-t-il. "Le lendemain je suis passé voir son attaché de presse pour cadrer cette interview qui a eu lieu hier (lundi, ndlr) matin."
"Un calme apparent"
Georges Malbrunot évoque également "un calme apparent" que dégage Bachar al-Assad et sa "préoccupation quand même visible". "Il paraît concerné par la situation", ajoute le journaliste, qui précise: "il a voulu montrer aussi qu'il n'était pas aux abois. Il m'a reçu dans une maison, sans un grand dispositif de sécurité."
"Sur le fond, c'est un discours extrêmement ferme, des menaces contre la France, et aucune ouverture politique à l'égard des opposants, qu'il traite de terroristes, qu'il considère être liés à al-Qaïda et qu'il faut liquider", souligne l'envoyé spécial du Figaro à Damas.
La France, "État ennemi"
"Dans la mesure où l'Etat français est hostile au peuple syrien, cet Etat sera son ennemi. Il y aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les intérêts de la France", a déclaré Assad dans l'entretien au quotidien français. Pour Georges Malbrunot, le dirigeant syrien considère la France comme un "pays hostile" et un "Etat ennemi", mais "pas le peuple français, en revanche".
Les menaces formulées par le dirigeant syrien contre "les intérêts de la France" ne sont pas d'ordre économique. Georges Malbrunot évoque ainsi d'éventuelles répercussions contre "les 800 soldats français stationnés au Sud-Liban dans le cadre de la force des Nations unies" ou encore contre "des centres culturels français au Liban".
"La relation franco-syrienne depuis 30 ans, est faite d'amour et de haine. Il y a eu au début des années 80 de nombreux attentats syriens commis à Beyrouth contre les intérêts français. Les intérêts français et du renseignement militaire le savent très bien. Ces menaces, même s'il y a une part de bravade chez Bachar al-Assad, seront prises très au sérieux", conclut Georges Malbrunot.