Un ministre israélien d'extrême-droite a prié sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, une "dangereuse escalade" dénoncée

Le ministre israélien Itamar Ben Gvir se rend sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, le mardi 13 août (image d'illustration) - UGC / AFP
Le ministre israélien d'extrême droite, Itamar Ben Gvir s'est rendu au petit matin sur le site hautement sensible de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, secteur occupé et annexé par Israël, pour y prier, ce dimanche 3 août.
Troisième lieu saint de l'islam, l'esplanade, bâtie sur les ruines du second temple juif détruit en l'an 70 par les Romains, est une poudrière où le moindre incident peut dégénérer au point d'embraser la région. Pour les juifs, c'est le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.
Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, l'un des plus radicaux de la coalition gouvernementale et habitué des provocations, a publié dans la matinée sur les réseaux sociaux une vidéo le montrant un peu plus tôt sur l'esplanade des Mosquées, une visite habituellement vue comme une provocation par le monde musulman et en claire violation du statu quo sur les lieux saints.
Des provocations de plus en plus nombreuses
"De la même manière que nous avons prouvé qu'il est possible d'exercer notre souveraineté sur le mont du Temple, il est également possible de 'conquérir toute la bande de Gaza' et 'd'encourager une émigration volontaire'", a commenté le ministre dans cette vidéo.
"C'est la réponse que nous devons donner aux vidéos atroces publiées par le Hamas", a lancé le ministre, en référence aux vidéos, publiées ces trois derniers jours, d'otages israéliens décharnés aux mains du Hamas dans la bande de Gaza.
En vertu d'un statu quo décrété après la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l'esplanade à des heures précises, sans y prier, mais cette règle est de plus en plus souvent bafouée par un nombre croissant de juifs nationalistes.
Dans la journée, d'autres images ont été relayées sur les réseaux sociaux, montrant M. Ben Gvir prononçant une prière traditionnelle juive, en compagnie de quelques-uns de ses partisans et sous les yeux de la police israélienne.
"De l'huile sur le feu"
Selon le Times of Israel, le ministre "a conduit un groupe de fidèles juifs en prière au sommet du Mont du Temple ce dimanche, alors qu'il marquait le jour de jeûne de Ticha Beav". Ce jour de jeûne et de deuil dans le calendrier hébraïque commémore la destruction des deux Temples de Jérusalem.
Le quotidien de gauche Haaretz a qualifié cet acte de "provocation", estimant que le ministre d'extrême droite "jetait de l'huile sur le feu". Le bureau du Premier ministre Netanyahu a réagi dans la foulée pour assurer que "la politique d'Israël de maintenir le statu quo sur le Mont du Temple n'a pas changé et restera inchangée".
En 2024 déjà, le ministre d'extrême droite avait prié en compagnie de 3.000 autres fidèles sur l'esplanade des Mosquées. L'ONU, via un porte-parole du secrétaire général, avait regretté "une provocation inutile".
Des condamnations au Moyen-Orient
La Jordanie, qui administre l'esplanade mais dont les points d'entrée sont contrôlés par Israël depuis la prise de Jérusalem-Est en 1967, a condamné "les pratiques de ce ministre extrémiste" qui "ne remettent pas en cause le fait que Jérusalem-Est est une ville occupée".
L'Arabie saoudite a également "condamné fermement les provocations répétées de membres du gouvernement d'occupation israélien à l'encontre de la sainte mosquée Al Aqsa", dénonçant des pratiques qui "alimentent le conflit dans la région" et "compromettent les efforts de paix".
L'Autorité palestinienne, via son porte-parole, a condamné une "dangereuse escalade", tandis que le Hamas a fustigé cette "incursion massive de colons, une escalade criminelle et une continuation de l'agression continue contre notre peuple, sa terre et ses sites sacrés".
Des images diffusées par la fondation jordanienne Waqf, qui administre au quotidien l'esplanade, montrent des dizaines de fidèles juifs pénétrant sur l'esplanade, chantant et frappant dans leurs mains.