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Palestine

"Nous refusons de les voir mourir": l'AFP alerte sur la famine et le manque de soins pour ses collaborateurs à Gaza

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La direction de l'Agence France-Presse (AFP) veut faire évacuer ses collaborateurs travaillant dans la bande de Gaza qui font face à une "situation effroyable". La société des journalistes de l'agence affirme que "sans intervention immédiate", ces reporters "vont mourir".

La direction de l'Agence France-Presse (AFP) dénonce "la situation effroyable de ses collaborateurs dans la bande de Gaza". Dans un message publié sur X ce lundi 21 juillet, l'AFP a réagi à un communiqué de sa société des journalistes alertant sur les dangers encourus par ses collaborateurs à Gaza depuis l'offensive lancée par Israël en octobre 2023.

"Depuis des mois nous assistons, impuissants, à la détérioration dramatique de leurs conditions de vie. Leur situation est aujourd’hui intenable, malgré un courage, un engagement professionnel et une résilience exemplaires", a affirmé la direction de l'agence.

La société des journalistes (SDJ), chargée de représenter la rédaction sur les sujets éditoriaux notamment, explique que "l'AFP travaille avec une pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo dans la Bande de Gaza depuis le départ de ses journalistes staff courant 2024". Mais "sans intervention immédiate", ces reporters "vont mourir" faute de nourriture et de soins, alerte la SDJ.

"Nous refusons de les voir mourir"

L'ONU et des ONG font régulièrement état d'un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une offensive dans laquelle au moins 59.029 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

"Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, nous avons eu des blessés et des prisonniers dans nos rangs, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim. Nous refusons de les voir mourir", écrit la SDJ.

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La direction de l'agence dit "partager" cette angoisse. "C'est pourquoi l’AFP, qui était parvenue après plusieurs mois d'efforts à faire évacuer ses huit salariés de Gaza et leurs familles entre janvier et avril 2024, entreprend les mêmes démarches pour ses collaborateurs pigistes, malgré l’extrême difficulté de sortir d’un territoire soumis à un blocus strict", affirme-t-elle.

De rares journalistes à Gaza

Comme elle le souligne, depuis l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre, "Israël interdit l’accès de la bande de Gaza à tous les journalistes internationaux". Les collaborateurs de l'AFP font partie des rares journalistes à pouvoir aujourd'hui rapporter ce qu'il se passe dans la bande de Gaza. "Mais leur vie est en danger, aussi exhortons-nous les autorités israéliennes à autoriser leur évacuation immédiate avec leurs familles", écrit la direction de l'agence.

Interrogé sur ce sujet ce mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dit avoir "l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines". "Nous y consacrons beaucoup d'efforts et beaucoup d'énergie", a assuré le ministre sur France Inter, qui s'exprimait depuis Kiev où il est en déplacement. Il a aussi demandé que "la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer" ce qu'il se passe dans le territoire en danger de famine après 21 mois de guerre.

Sophie Cazaux