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Palestine

Gaza: Israël endommage l'un des rares hôpitaux en fonction, un enfant meurt à cause de "l'interruption des soins"

Un homme marche au milieu des décombres après une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025.

Un homme marche au milieu des décombres après une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025. - Omar AL-QATTAA / AFP

Israël a frappé ce dimanche 13 avril l'hôpital al-Ahli à Gaza-ville, l'un des rares hôpitaux encore en fonction dans l'enclave palestinienne. Le chef de l'OMS a déclaré qu'un enfant était mort "à cause de l'interruption des soins".

Une frappe israélienne a sévèrement endommagé ce dimanche 13 avril l'un des rares hôpitaux encore en fonction dans la bande de Gaza. Israël a affirmé avoir ciblé un "centre de commandement" du mouvement islamiste palestinien Hamas après l'annonce de l'extension de son offensive "dans la plus grande partie" du territoire palestinien dévasté et assiégé.

Un enfant est mort "à cause de l'interruption des soins" dans l'hôpital al-Ahli à Gaza-ville, a annoncé le chef de l'OMS sur le réseau social X.

"Le directeur de l'hôpital a informé l'OMS. Un enfant est décédé à cause de l'interruption des soins. Le service des urgences, le laboratoire, les appareils de radiographie du service des urgences et la pharmacie ont été détruits", a écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le directeur général de l'OMS a précisé que l'hôpital a été contraint de transférer 50 patients vers d'autres hôpitaux alors que 40 patients dans un état critique n'ont pas pu être transférés. Selon lui, l'hôpital ne peut plus accueillir de nouveaux patients en attendant les réparations.

Comme il le fait à chaque fois qu'une infrastructure de santé est touchée dans un conflit à Gaza ou ailleurs, le docteur Tedros a rappelé que les hôpitaux sont protégés par le droit international humanitaire.

"Les attaques contre les soins de santé doivent cesser. Nous le répétons une fois de plus: les patients, le personnel soignant et les hôpitaux doivent être protégés. Le blocus de l'aide humanitaire doit être levé. Cessez-le-feu", a-t-il réclamé.

"Nous ne savons plus où aller "

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, des dizaines de milliers de Gazaouis ont trouvé refuge dans les hôpitaux. Bon nombre ont été endommagés ou mis hors service.

La frappe sur l'hôpital al-Ahli s'est produite "quelques minutes après un avertissement de l'armée (israélienne) appelant à évacuer les patients, les blessés et leurs accompagnants", selon la Défense civile palestinienne

"Nous sommes sortis de l'hôpital en courant. Quand nous avons atteint la porte (d'entrée), ils l'ont bombardé, il y a eu une énorme explosion" a témoigné Naïla Imad, une déplacée de 42 ans, évacuée de l'établissement.

"Mes enfants et moi sommes à la rue. Nous avons été déplacés plus de vingt fois, nous ne savons plus où aller", a-t-elle dit à l'AFP.

"Le bombardement a entraîné la destruction du bâtiment de chirurgie et de la station de production d'oxygène destinée aux unités de soins intensifs", a indiqué la Défense civile locale.

L'hôpital a cessé de fonctionner, a affirmé Mounir Al-Barsh, un responsable du ministère de la Santé du Hamas, mouvement qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Selon des images de l'AFP, de gros morceaux de béton et des amas de métal tordu sont éparpillés sur le site, où des hommes fouillent les décombres. L'explosion a laissé un trou béant dans le bâtiment, dont les portes en fer ont été arrachées de leurs gonds.

Des personnes vérifient les destructions après une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025.
Des personnes vérifient les destructions après une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025. © Omar AL-QATTAA / AFP

"C'était l'enfer", a témoigné Khaled Dalloul, évacué avec son oncle de l'hôpital al-Ahli. "Il n'y a aucun endroit pour se faire soigner ni dormir. C'est une condamnation à mort collective".

Un "crime odieux"

Le complexe al-Ahli "était utilisé par des terroristes du Hamas pour planifier et mener des attaques contre des civils et troupes israéliens", a affirmé l'armée israélienne.

Protégés par le droit international humanitaire, les hôpitaux ont été frappés à plusieurs reprises par l'armée israélienne dans la bande de Gaza. L'armée israélienne accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux comme centres de commandement et de contrôle dans des tunnels creusés sous les bâtiments, ce que le mouvement dément.

Après la frappe sur l'hôpital, le Hamas a dénoncé un "crime sauvage" perpétré avec "la complicité flagrante et le blanc-seing des États-Unis". Le Qatar a condamné "un crime odieux".

En riposte à l'attaque du 7-Octobre, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive destructrice dans le petit territoire où s'entassent quelque 2,4 millions d'habitants vivant dans des conditions qualifiées de catastrophiques par l'ONU.

Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses bombardements contre Gaza, le Premier ministre Benjamin Netanyahu estimant qu'une pression militaire accrue était le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé dimanche qu'au moins 1.574 Palestiniens avaient été tués depuis le 18 mars. Cela porte selon lui à 50.944 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l'offensive de représailles israélienne le 7 octobre 2023.

J.Bro avec AFP