"On vit toujours sous occupation": le sud du Liban reste bombardé par Israël malgré le cessez-le-feu

Un pays toujours en guerre. Près d'une semaine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Hezbollah et l'armée israélienne continuent de s'affronter dans le sud du pays, chacun s'accusant de rompre l'accord de trêve.
L'armée israélienne, qui s'est engagée à quitter le Liban d'ici 60 jours, occupe toujours une large bande de terre de 10 km de large à la frontière sud du pays. Les habitants chassés par les combats ont, pour l'instant, interdiction de retourner dans leurs foyers.
"Quiconque se déplace au sud de cette ligne s'expose à un danger", prévient sur X le porte-parole arabophone de Tsahal.
"Cibles terroristes"
Rabih Atwi, un Libanais interrogé par BFMTV, a bien tenté de retourner dans son village de Naqoura aux premières de la trêve. Mais il en a vite été dissuadé. "Les snipers ont tiré vers nous pour nous faire peur et qu'on quitte le village. Mon sentiment, c'est que l'on vit toujours sous occupation", confie-t-il.
La sud du Liban est toujours une zone extrêmement dangereuse. Ce lundi, au moins neuf personnes ont perdu la vie dans des tirs de l'armée israélienne qui visait, selon elle, des "cibles terroristes".
"Ils profitent de la paix pour prendre ce qu'ils n'ont pas réussi à prendre pendant la guerre", a accusé Salman Harb, porte-parole du Hezbollah, après ces frappes.
Une trêve violée "à 54 reprises"
Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont affirmé que la trêve en vigueur depuis le 27 novembre tenait et qu'ils examinaient les accusations des deux camps. "Le cessez-le-feu tient", a déclaré le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.
Auparavant, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah et qui a négocié la trêve en son nom, avait affirmé qu'Israël avait violé à "au moins 54 reprises" le cessez-le-feu.
Nabih Berri a appelé le comité chargé de superviser la trêve, qui comprend les États-Unis et la France, "à entamer urgemment son action et contraindre Israël à arrêter ses violations et se retirer" du territoire libanais.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a pour sa part insisté lundi auprès de son homologue israélien, Gideon Saar, sur "la nécessité que toutes les parties respectent le cessez-le-feu", a indiqué son ministère.
Le ministre israélien a rejeté toute accusation de violation du cessez-le-feu. "Au contraire, Israël le fait respecter" en réponse "aux violations du Hezbollah qui appellent une action immédiate", a-t-il affirmé.
Israël conserve une "totale liberté d'action"
L'accord de cessez-le-feu, qui a mis fin à deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, prévoit le retrait dans un délai de 60 jours de l'armée israélienne du Liban. Les soldats israéliens sont entrés dans le sud le 30 septembre, une semaine après avoir lancé une campagne de bombardements aériens massifs contre le Hezbollah.
Le Hezbollah doit quant à lui se replier au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler son infrastructure militaire dans le sud du Liban.
Dès l'annonce de l'accord, Israël avait dit se réserver "une totale liberté d'action militaire" au Liban, si le Hezbollah "violait" le cessez-le-feu et "tentait de se réarmer".