Liban: la crise des ordures prend de l'ampleur

Un militaire passe parmi les manifestants assis dans le ministère de l'Environnement. - AFP
La campagne citoyenne "Vous puez", dénonçant à la fois la corruption de la classe politique au Liban et la crise des ordures qui dure depuis un mois et demi, prend de l'ampleur. Mardi, des militants ont occupé le ministère de l'Environnement, entonnant l'hymne national ou brandissant des drapeaux libanais, avant d'être évacués de force par la police.
Cette escalade inédite mais pacifique est intervenue avant l'expiration du délai fixé pour 19h00 par les militants afin d'obtenir la démission du ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, et trouver une solution durable à la crise des poubelles. Une source proche du Premier ministre Tammam Salam a toutefois écarté l'éventualité d'une démission.
Une politique intérieure paralysée
La campagne de protestation a commencé avec la crise des ordures provoquée à la mi-juillet par la fermeture de la plus grande décharge du Liban, et l'amoncellement des déchets dans les rues. Samedi, une manifestation organisée sur l'emblématique Place des martyrs dans le centre de Beyrouth a rassemblé des dizaines de milliers personnes, scandant des slogans hostiles aux malversations de la classe politique, le plus grand rassemblement depuis le début de la crise.
Cette mobilisation illustre le ras-le-bol de la population face à la corruption endémique, au dysfonctionnement de l'État et à la paralysie des institutions politiques. "Ce Parlement, c'est de l'ordure, c'est le Parlement qui s'est auto-prorogé!", ont encore scandé les militants occupant le ministère.
Plus de chef de l'Etat depuis mai 2014
Les députés ont prolongé à deux reprises leur propre mandat depuis les élections en 2009, en raison des divisions politiques, ce que les militants qualifient d'"illégitime". Ils se montrent également incapables de réussir à élire un président de la République, poste vacant depuis mai 2014. En plus du règlement de la question du traitement des déchets, les protestataires réclament l'organisation de nouvelles législatives.