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Un "ghetto israélien" au Salon du Bourget? Pourquoi cinq stands d'armement sont au coeur d'un incident diplomatique

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Le salon du Bourget s'est ouvert ce lundi 16 juin. Dès les premières heures, une polémique autour de stands israéliens exposant des "armes offensives" a enflé, plusieurs ayant été fermés. Alors que le gouvernement français assume avoir donné des consignes pour marquer sa "réprobation" face à la guerre menée à Gaza, Israël dénonce des actes "antisémites".

Comme tous les ans, le plus grand salon de l'aéronautique et de la défense au monde, le salon du Bourget, a ouvert ses portes au nord de Paris, ce lundi 16 juin. Sauf que son premier jour a été marqué par la polémique, sur fond de conflits internationaux. Plusieurs stands d'industriels israéliens de l'armement exposant des "armes offensives" ont vu leur accès condamné par de hautes bâches noires.

D'après les organisateurs du salon, ces actions répondaient à "une instruction émanent des autorités françaises compétentes en amont de l'ouverture du salon, relative au retrait de certains équipements présentés sur des stands israéliens".

Une décision validée par "l'ambassade d'Israël à Paris", selon le Quai d'Orsay

Comme l'a précisé le Quai d'Orsay, le cadre, "clair", avait été donné avant l'ouverture du salon, dimanche soir, via les organisateurs: "l'interdiction d'exposer des armes offensives au salon du Bourget". Cette décision, prise donc par le gouvernement français, avait été validée par "l'ambassade d'Israël à Paris", indique la diplomatie française.

Au total, neuf exposants israéliens sont présents au salon du Bourget. Quatre d'entre eux ont respecté la consigne, mais les cinq autres ont fait le choix d'exposer malgré tout du matériel offensif. Les stands d'Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael, Uvision, Elbit et Aeronautics ont ainsi été ceints de vastes panneaux en tissu noir, après avoir exposé des maquettes de missiles.

François Bayrou, qui a inauguré le salon de défense, a confirmé en personne que "la France a tenu à manifester que les armements offensifs ne devaient pas être présents dans ce salon". En cause, la guerre menée par Israël à Gaza, où la situation est "moralement inacceptable", et qui impose de marquer "réprobation" et "distance", d'après les dires du chef du gouvernement français. "Une partie des entreprises (israéliennes) n'a pas suivi" cette décision, a-t-il fait savoir.

"C'est comme créer un ghetto israélien"

Sauf qu'Israël nie tout accord en amont du salon avec le gouvernement français. "Le retrait des systèmes d'armes offensives rompt avec les pratiques habituelles des expositions de défense dans le monde", a fustigé le ministère israélien de la Défense, qui dénonce une "ségrégation". "Cette décision scandaleuse et sans précédent sent les considérations politiques et commerciales", a-t-il ajouté.

La décision française est "absolument, catégoriquement antisémite", a de son côté accusé le général Amir Baram, un haut responsable du ministère israélien de la Défense, qui a annoncé le dépôt d'un recours en justice en France. "Cela vient du gouvernement, du plus haut niveau. Il s'agit d'une décision prise au niveau de l'État", a ajouté le général.

Sur LCI, le président israélien Isaac Herzog a enfoncé le clou, se disant "choqué". "C'est comme créer un ghetto israélien (...). Je trouve cela scandaleux et cela doit être corrigé immédiatement", a-t-il encore avancé.

Même fortement réduite, la présence d'Israël, l'un des leaders des capacités militaires de pointe dans l'aérospatial, constituait déjà une source de tensions, alors que l'État poursuit son offensive sur Gaza après l'attaque meurtrière du Hamas en octobre 2023 et a lancé la semaine dernière des frappes de grande ampleur contre l'Iran, qui a riposté.

Le 10 juin dernier toutefois, le tribunal judiciaire de Bobigny avait rejeté la requête d'associations qui demandaient l'exclusion du salon des entreprises israéliennes au nom du risque de perpétuation de "crimes internationaux".

Fanny Rocher