Gaza: Netanyahu se félicite d'une "stratégie commune" avec Trump et menace d'ouvrir "les portes de l'enfer" dans l'enclave

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a assuré ce dimanche 16 février partager une "stratégie commune" avec le président des États-Unis Donald Trump pour l'avenir de Gaza, après un entretien à Jérusalem avec le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, qui entame une tournée au Moyen-Orient.
Ce dernier a de son côté souligné que le Hamas devait être "éliminé" à Gaza, conformément aux objectifs fixés par le chef du gouvernement de l'État hébreu au début de la guerre dévastatrice dans le territoire palestinien, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste en Israël le 7 octobre 2023.
"Nous avons discuté de la vision audacieuse de Donald Trump", qui a proposé de prendre le contrôle de la bande de Gaza et d'en déplacer ses habitants vers l'Égypte et la Jordanie, "et nous nous efforcerons de faire en sorte que cette vision devienne réalité", a dit Benjamin Netanyahu.
Des "bombes lourdes" américaines arrivées en Israël
Avant leur rencontre et alors qu'une trêve fragile est en vigueur depuis le 19 janvier entre Israël et le Hamas, l'armée israélienne a dit avoir mené une frappe aérienne visant des "individus armés" dans la bande de Gaza, le mouvement palestinien y faisant état de trois policiers tués par un raid israélien dans le sud.
Une cargaison de "bombes lourdes" américaines, débloquée par l'administration Trump, est entre-temps arrivée dans la nuit en Israël, a indiqué le ministère de la Défense.
Israël "finira le travail" contre la menace iranienne avec le soutien des États-Unis, a ajouté Benjamin Netanyahu aux côtés de Marco Rubio, qui a souligné que Téhéran était la plus grande source "d'instabilité" dans la région.
Ouvrir "les portes de l'enfer" à Gaza
Les entretiens du secrétaire d'État américain en Israël se tiennent au lendemain du sixième échange d'otages à Gaza contre des prisonniers palestiniens depuis le début de la trêve. Il doit ensuite rencontrer le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Sa'ar, le président Isaac Herzog et le chef de l'opposition Yair Lapid.
Par la voix de son Premier ministre dimanche, Israël a promis d'ouvrir les "portes de l'enfer" à Gaza "si tous nos otages ne sont pas libérés, sans exception".
Sacha Trupanov, un Israélo-Russe de 29 ans, Yaïr Horn, un Israélo-Argentin de 46 ans, et Sagui Dekel-Chen, un Israélo-Américain de 36 ans, ont été libérés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, samedi.
Ils avaient été enlevés pendant le 7-Octobre au kibboutz Nir Oz, dans le sud d'Israël. Sur 251 personnes alors emmenées à Gaza, 70 s'y trouvent toujours, dont au moins 35 mortes, selon l'armée israélienne.
Israël a libéré en contrepartie 369 prisonniers palestiniens samedi, dont 24, condamnés à la prison à vie, ont été expulsés vers l'Égypte.
La première phase de la trêve, qui doit s'achever le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1.134 Palestiniens. L'accord prévoit qu'elle permette au total le retour en Israël de 33 otages, dont huit décédés, et la libération de 1.900 détenus palestiniens.
Tous les otages libérés?
Une deuxième phase du processus est ensuite censée déboucher sur la libération de tous les otages et une fin définitive de la guerre.
Selon une source proche des négociations, les médiateurs espèrent entamer "la semaine prochaine à Doha" les pourparlers en ce sens, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque estimé par l'ONU à plus de 53 milliards de dollars. Des Israéliens ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv pour demander la poursuite du processus.
De son côté, le Hamas continue à reprocher à Israël de bloquer l'entrée dans le bande de Gaza en ruines de préfabriqués et équipement de déblaiement des décombres. "Cela équivaut à une déclaration explicite d'échec de l'accord" de trêve, a souligné dimanche Salama Marouf, directeur des services de presse du gouvernement du Hamas à Gaza.
"Le seul plan, c'est celui de Trump" selon Rubio
Sur le sort à terme du territoire palestinien, un sommet de cinq pays arabes est prévu le 20 février à Ryad, pour répondre au projet américain.
"Pour l'instant, le seul plan, c'est celui de Trump. S'ils en ont un meilleur, le moment est venu de le présenter", avait affirmé jeudi Marco Rubio, qui doit poursuivre sa tournée en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
Le plan de Donald Trump de faire du territoire palestinien une "Côte d'Azur du Moyen-Orient", en déplaçant ses 2,4 millions d'habitants pour l'essentiel vers la Jordanie et l'Égypte, fait l'unanimité contre lui dans le monde arabe, et a suscité un tollé international.
Pour régler le conflit israélo-palestinien, la communauté internationale est très largement en faveur de la solution à deux États, soit la création d'un État palestinien au côté d'Israël.
Il s'agit de "la seule garantie" d'une paix durable au Moyen-Orient, a affirmé dimanche le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi au président du Congrès juif mondial Ronald Lauder, en visite au Caire.